"Je décide d'une manière de partir. Au début, je pensais seulement à moi. Et puis les choses ont évolué lentement. Je me suis dit que j'allais emmener les filles. [...] Je reconnais tout de A à Z. [...] Je n'ai aucune excuse pour en arriver là. Mais je n'ai pas essayé de mettre le feu. Jamais." Ce sont avec ces mots qu'Abdel Zamzem a pris la parole lors de l'audience qui se tenait à la cour d'assises d'Aix-en-Provence ce 4 mars et à l'issue de laquelle il a été condamné à 15 ans de réclusion criminelle, a indiqué Le Monde. Abdel Zamzem est tristement devenu célèbre. Certes pas autant que son frère Roschdy Zem, l'acteur césarisé en 2020 pour le film Roubaix, une lumière, ou que son ex-épouse Souad Massi, chanteuse franco-algérienne, mais pour une terrible raison.
Ce samedi 4 mars, Souad Massi n'avait pas rendez-vous avec son public mais avec son ex-mari et leurs deux filles qu'Abdel Zamzem a tenté d'assassiner le 22 mars 2017, a priori par vengeance, à leur domicile de Bouc-Bel-Air dans les Bouches-du-Rhône. A l'époque, l'artiste cartonne, enchaîne les concerts et finit par avertir Abdel de son intention de divorcer. Une annonce qui ne passe pas. "Je vais te faire payer très cher et tout cela va se terminer. Tu vas comprendre le sens du mot souffrir" aurait-il alors déclaré lors d'un appel passé à Souad Massi. Cette dernière, à Paris pour des raisons professionnelles, prend les menaces très au sérieux et avertit les autorités. Un sixième sens qui leur sauvera la vie à tous.
Quand les secours réussissent à pénétrer dans la villa de la famille, ils retrouvent le père inconscient au rez-de-chaussée, les veines tailladées, un mégot de cigarettes aux pieds. A l'étage, les deux filles, presqu'inconscientes après avoir ingéré à leur insu une forte dose de barbituriques, endormies et partiellement asphyxiées par le gaz que leur père a laissé s'échapper d'une bonbonne dissimulée derrière un fauteuil. Autre détail, 40 litres de pétrole répandus dans la maison, lequel aurait dû s'enflammer, ce qui n'a heureusement pas été le cas.
Après avoir été interné en psychiatrie, Abdellatif Zamzem a été placé en détention provisoire durant huit mois avant sa remise en liberté sous contrôle judiciaire avec interdiction d'entrer en contact avec ses filles. A l'origine de ce passage à l'acte heureusement raté, un mail en arabe à l'attention de son épouse, lu et mal interprété par Abdel : "J'ai passé une très bonne nuit avec toi." S'il pense tout de suite à un amant, il s'agit en réalité d'une toute autre relation. "Il s'agissait d'un artiste, homosexuel, qui me remerciait pour la soirée de gala à laquelle j'avais participé en Jordanie", précise Souad Massi.
D'après les avocats du condamné dont les propos ont été rapportés par 20 minutes, Maîtres Elsa Loizzo et Jean Boudot, le comportement de leur client n'est que la conséquence d'une longue "descente aux enfers" l'ayant plongé dans une profonde dépression : "Sa souffrance va finir par le briser et l'engloutir et le conduire à l'impensable. [...] On est dans la maladie, pas dans le trait de caractère. L'impensable, c'est impensable pour lui aussi." Ils ont fait part de leur intention de faire appel.