Ryan Anderson, l'espoir : Du suicide de sa compagne Gia à son retour en NBA

Dans la nuit du 12 au 13 août 2013, Gia Allemand mettait fin à ses jours chez elle, se pendant à l'escalier de son appartement à l'aide du câble électrique de son aspirateur. Ryan Anderson, star de la NBA et des Pelicans de la Nouvelle-Orléans, découvrait le corps inanimé de sa compagne au milieu de la nuit. Le 14 août, la jeune femme de 29 ans qui avait participé à l'émission The Bachelor décédait. Il aura fallu quinze mois à Ryan Anderson pour s'ouvrir et évoquer de longues heures durant la mort de celle qu'il aimait plus que tout au monde.

Dispute, SMS, TDPM et suicide

C'est à Sports Illustrated que l'ailier fort de 26 ans a raconté son drame et sa reconstruction depuis cette terrible nuit. L'occasion d'en apprendre un peu plus sur Gia Allemand et les causes qui auraient pu la pousser à s'ôter la vie. Si dans un premier temps, le site TMZ avait évoqué une supposé dispute provoquée par des allégations de coucherie du joueur NBA ou encore un refus de s'engager, la mère de Gia, Donna, a avancé une explication plus scientifique.

Sa fille souffrait en effet du trouble dysphorique prémenstruel (TDPM), qui plonge les femmes qui en sont victimes dans un profond état dépressif où l'irritabilité et l'agressivité sont à leur comble. Et ses relations avec son père n'auraient rien arrangé. Ce 12 août, à la suite d'une dispute avec son père et un échange violent de SMS survenu en mai (son père lui avait notamment écrit qu'elle était trop stupide, et que par conséquent, elle ne pouvait plus être sa fille), elle s'en serait prise à Ryan, menant à une dispute futile. De retour chez elle, Gia Allemand aurait appelé sa mère qui aurait tenté de la soutenir, discutant avec elle de longues minutes. Un moment terrible pour cette dernière qui a suivi sans le savoir le suicide de sa fille, la voix de cette dernière devenant de plus en plus faible, jusqu'à devenir inaudible. Dans la main de Gia, on retrouvera un petit bout de papier sur lequel était inscrit "Maman avait tout compris".

De la découverte du corps au retour sur les parquets

Prévenu par le beau-père de la jeune femme, Ryan Anderson trouvera le corps de sa compagne chez elle, dans la nuit. Pendant qu'un voisin appelait les services d'urgences, le basketteur s'écroulait, incapable de tenir sur ses jambes. C'est son coach Monty Williams, un chrétien comme lui dont il était très proche, qui est venu le chercher pour l'emmener chez lui et prier avec son épouse, Ingrid, dont le frère s'était suicidé récemment. Ingrid savait à quel point il était inutile de lui dire que les choses allaient s'arranger raconte Sports Illustrated. "Ce sera être dur pendant longtemps", lui a-t-elle simplement dit. Monty Williams a passé la nuit avec son joueur, dans le salon, à discuter en attendant qu'il s'endorme...

Les mois suivants, Ryan Anderson les a passés auprès des siens, sa soeur et son beau-frère se relayant à ses côtés pour qu'il ne dorme pas seul. Sa seule occupation ? Lire la Bible en silence, alors qu'il se sentait coupable de ne pas avoir su détecter les signes du mal-être de sa compagne. Puis vint le premier rire, inattendu. Et le coup de fil de l'encadrement des Pelicans, début septembre. Pour Monty Williams, il était temps que son joueur retrouve la routine de l'entraînement et la chaleur si particulière du vestiaire. Plusieurs semaines plus tard, il revenait au centre d'entraînement, s'adressant à ses coéquipiers qui l'avaient soutenu lors d'un discours fort émouvant. La force du vestiaire ? Le traiter comme le joueur qu'il était, et non comme la victime qu'il était devenu.

Le basket comme thérapie

Le 5 octobre suivant, lors d'un déplacement à Houston, pour la première fois depuis la mort de Gia, il dormait seul dans sa chambre d'hôtel. Deux jours plus tard, lors d'un match à Dallas, l'angoisse l'envahit avant d'entrer sur le parquet. Mais une fois dans le match, elle disparut, laissant place à un sentiment de quiétude. Ryan Anderson dit ne jamais s'être senti aussi libre sur un parquet. La salle devient pour lui "un sanctuaire", deux à trois heures par jour, un endroit où s'échapper. Il pratiquait alors le meilleur basket de sa vie. Pourquoi ? Car il jouait libéré. Manquer un tir, une passe ou perdre un match n'était rien en comparaison de ce qu'il avait vécu...

Le 3 janvier 2014, après un terrible choc avec un joueur des Celtics de Boston, Ryan Anderson était opéré des vertèbres cervicales et manquait les 51 matchs de la saison. Un nouveau coup dur mais qui lui fit ouvrir les yeux. Les gens ne se préoccupaient plus de son moral par rapport à la mort de Gia, mais à sa blessure. Un déclic.

Un engagement et un futur

Le joueur se plonge alors dans les moindre détails de sa relation avec Gia, tente d'en apprendre plus sur le suicide et évoque son histoire pour prévenir, informer, sensibiliser. Avec Donna et son père, il a créé la fondation Gia Allemand, qui doit venir en aide aux femmes victimes de harcèlement, qui ont une mauvaise image d'elle-même et un manque de confiance qui peut parfois mener au drame. Il multiplie les interventions, donne de son temps auprès d'associations, de refuges et autres événements. Accepte d'être "le visage du suicide".

"Je peux enfin dire après une longue période durant laquelle je pensais qu'il n'y avait ni espoir ni futur, que je peux voir de l'espoir et un futur", confie-t-il à Sports Illustrated, lui qui garde dans un coffre-fort la robe que Gia portait le soir où ils se sont rencontrés au Bahamas, des photos, des cartes, le collier en argent qu'elle aimait tant, coffre-fort qu'il n'a pas ouvert depuis un an...