Depuis 1989, la tête de l'auteur des Versets sataniques, Salman Rushdie, fait l'objet d'une mise à prix de la fondation religieuse iranienne, le 15 Khordad. La fatwa, c'est-à-dire un décret religieux, de l'ayatollah Khomeini a pour objectif l'assassinat de l'écrivain britannique d'origine indienne. La vague de troubles dans le monde musulman, née depuis la divulgation d'un film islamophobe Innocence of Muslims et marquée par la mort d'un ambassadeur américain en Libye, a entraîné aujourd'hui l'augmentation de cette prime qui s'élève désormais à 3,3 millions de dollars.
Selon l'ayatollah Sanei dont le communiqué a été transmis aux agences de presse locales Fars, Mehr et Isna, "l'ordre de tuer Rushdie avait été donné pour éradiquer les racines de la conspiration anti-islamique, et il serait très approprié de l'exécuter en ce moment. C'est pourquoi j'ajoute 500 000 dollars à la récompense pour tuer Rushdie."
Ainsi, la prime promise par cette organisation proche du pouvoir a atteint les 3,3 millions dollars. "Tant que l'ordre historique de Khomeiny de tuer l'apostat Salman Rushdie [...] n'aura pas été exécuté, les attaques [contre l'islam] comme celle de ce film offensant le prophète se poursuivront", a-t-il déclaré.
Sa tête mise à prix, l'écrivain Salman Rushdie a dû se cacher durant des années et cela a entraîné des tensions diplomatiques entre le Royaume-Uni et l'Iran. "Pour en sortir, le gouvernement du président réformateur Mohammad Khatami s'était engagé en 1998 à ce que l'Iran ne fasse rien pour appliquer ce décret," rappelle Le Monde.fr. Cependant, le successeur de Khomeiny, l'ayatollah Ali Khamenei, avait rappelé la validité de la mise à prix.Coïncidence, mercredi 19 septembre, la chaîne britannique BBC One diffusera un documentaire sur Salman Rushdie et la fatwa dont il est victime. L'écrivain va publier ses mémoires, intitulées Joseph Anton, prénoms de ses auteurs favoris, Conrad et Tchekhov. En interview pour la BBC, il a déclaré : "Nous sommes en plein dans une période difficile car il y a beaucoup de peur et de nervosité." Symbole de la lutte pour la liberté d'expression, il dira : "La seule façon de vivre dans une société libre est de sentir que l'on a le droit de dire et faire des choses."