Entendue par surprise en début d'année sur Dougou Badia, titre d'ouverture de l'album Folila d'Amadou et Mariam, Santigold était surtout très attendue en 2012.
La chanteuse américaine avait promis son deuxième album, quatre ans après le très remarqué Santogold (L.E.S. Artistes, Creator, Lights Out), paru du temps où elle n'avait pas encore été judiciairement contrainte de changer son nom. Enregistré sous la houlette de ses amis de longue date Switch et Diplo, mais avec également le concours notable de Dave Sitek de TV on the Radio et de Nick Zinner des Yeah Yeah Yeahs, Master of My Make-Believe a été livré dans les temps, au printemps, précédé par les extraits Big Mouth, Go (en duo avec Karen O des Yeah Yeah Yeahs), et Disparate Youth, artillerie lourde musicale déployant sa force de frappe sur des motifs d'insurrection populaire et de "struggle for life", le tout servi avec un clip nourri d'images tournées en Jamaïque, où l'opus a en partie été réalisé.
Présenté avec un saisissant visuel de couverture signé Jason Schmidt semblant représenter en un tableau trois incarnations du pouvoir par Santigold (grande-prêtresse, napoléonienne et "parrain"), Master of My Make-Believe, fort d'être "éclectique dans le son" et "truffé d'effets épiques dans le mixage", comme l'avait annoncé l'intéressée, s'était immédiatement imposé en tête des charts dance/électro aux Etats-Unis, tandis que les fans de Santigold attendaient ardemment le clip de The Keepers, chanson clé de l'album, dont elle avait diffusé en mai une photo issue du tournage du clip, par ses propres soins.
"Je veux que cela parle de créer sa propre réalité. Une des chansons s'appelle The Keepers : nous sommes des gardiens, et pendant notre sommeil, notre maison brûle", avait expliqué Santigold à propos de l'album, prenant The Keepers et paraphrasant son refrain pour exemple. Portant la marque de son goût pour la pop des années 1980, la synthpop et la new wave, The Keepers, avec ses percussions une fois encore galvanisantes et sa partie vocale addictive, assortit sa critique de l'Amérique moderne d'un clip où Santi s'amuse à "pervertir" une très flippante famille américaine rétro "type" en y introduisant, sous la perruque blonde, une jeune demoiselle de couleur pleine de vie. Dansante et (im)pertinente, une authentique projection de Santigold.