Après 168 ans d'existence, le News of the World (NotW), l'un des tabloïds anglais les plus offensifs, a tiré sa révérence. Le titre, qui appartient à News Corp, groupe de presse de l'Américain Rupert Murdoch, est au coeur d'un immense scandale : le journal aurait espionné, grâce à des écoutes téléphoniques illégales, près de 4 000 personnalités.
Du côté des stars, Hugh Grant mène l'offensive. L'acteur est l'un des signataires de la pétition lancée pour réclamer la création d'une commission d'enquête sur l'affaire (déjà 8 400 signatures) et l'adoption de règles plus strictes en matière de respect de la vie privée. Invité de plusieurs talk-shows, Hugh Grant a raconté comment il avait piégé un ancien journaliste du tabloïd qui lui expliquait comment NotW pratiquait ces écoutes "à grande échelle". Des journalistes lui ont rétorqué qu'il était juste amer de s'être retrouvé dans la presse à scandale en 1995 après son arrestation avec une prostituée. L'un d'eux lui a même lancé : "Si vous ne voulez pas être dans les journaux, vous n'avez qu'à garder votre pantalon". C'est dire si la mentalité anglaise en matière de protection de la vie privée est différente de la nôtre.
L'ex de l'acteur, Jemima Kahn fait également partie des victimes. Dans The Independant, elle raconte le "long et douloureux processus pour tenter de faire éclater la vérité" sur la façon dont son téléphone avait été piraté.
Jude Law, dont l'ex Sienna Miller est aussi concernée par ces écoutes, a annoncé son intention d'engager une action contre The Sun, un autre tabloïd du groupe News Corp, qu'il accuse des mêmes méthodes. Entre deux risettes à sa petite Harper qui vient de naître, David Beckham a lancé ses avocats à l'assaut. Tandis que le futur marié Paul McCartney s'est déclaré prêt à attaquer directement le groupe de Rupert Murdoch.
Un scandale sans précédent
Tous les regards se tournent vers le détective privé Glenn Mulcaire. C'est lui qui aurait orchestré toutes ces écoutes. En janvier 2007, il avait déjà été condamné pour avoir piraté les téléphones de membres de la famille royale. Le rédacteur en chef de NotW à l'époque, Andy Coulson, a nié avoir été au courant de ces méthodes, mais il a tout de même démissionné.
Le nouveau scandale a éclaté quand le sérieux The Guardian révèle que Glenn Mulcaire a piraté le téléphone d'une écolière disparue, Milly Dowler, allant jusqu'à effacer des messages pour faire de la place dans la boîte vocale, donnant le faux espoir à la famille qu'elle était encore en vie... sordide !
Le 15 juillet, Rupert Murdoch a atterri à Londres pour affronter la crise. "L'activité de News of the World consistait à placer les autres devant leurs responsabilités. Il a échoué lorsqu'il s'est agi de lui-même", écrit Rupert Murdoch dans communiqué titré "Nous sommes désolés". "Nous sommes désolés pour les graves méfaits survenus. Nous sommes profondément désolés pour les souffrances subies par les personnes concernées".
Le 19 juillet, Rupert Murdoch et Rebekah Brooks (ancienne rédactrice en chef de NotW qui vient de démissionner du poste de directrice générale de News International, filiale britannique de News Corp) comparaîtront devant une commission parlementaire. Brooks a depuis été interpellée, soupçonnée de "participation à l'intervention de communications" et de "corruption" et libérée sous caution.
L'affaire va jusqu'à ébranler la police britannique dont certains agents ont été rémunérés par le tabloïd contre des informations : le chef de Scotland Yard, Paul Stephenson, mis en cause, vient de démissionner. Le premier ministre David Cameron est aussi secoué : son ancien directeur de la communication, qui a démissionné en janvier, n'était autre que Andy Coulson, l'ex-rédacteur en chef de NotW. Coulson vient de nouveau d'être entendu par la police.
Aux États-Unis, le FBI vient d'ouvrir une enquête préliminaire car le News of the World est soupçonné d'avoir écouté des familles de victimes du 11 septembre.
En France, nous sommes plutôt dans le monde "des bisounours" sur ce sujet, et c'est tant mieux !