Les langues continuent de se délier en marge de l''affaire Harvey Weinstein et plus seulement contre les agissements du producteur américain. En France, à l'image de Mélanie Laurent qui racontait son expérience de casting à l'âge de 20 ans avec un réalisateur français, les récits s'accumulent. Dans le dernier numéro du magazine Elle – où Mélanie Laurent raconte justement cette "amère expérience" –, une autre actrice témoigne.
Fille de l'acteur Louis-Do de Lencquesaing et de Caroline Champetier, Alice de Lencquesaing parle elle aussi. L'originalité, c'est qu'il s'agit d'une lettre qu'elle avait envoyée l'année dernière à Elle ainsi qu'à un autre magazine. "Ce qui avait déclenché son courrier était d'avoir été témoin d'une tentative de viol sur un tournage, puis d'avoir recueilli sa collègue en larmes", raconte le magazine . Le nom de cette actrice restera invisible, mais on apprend qu'Alice avait "subi, elle-même deux ans auparavant, les assauts de ce même acteur" qui restera lui aussi anonyme. "Cet acteur se comporte ainsi avec toutes ses partenaires ? Et personne ne dit rien ?", s'interroge la jeune comédienne vue dans Frantz et Chocolat.
Alice raconte alors qu'elle décide de pousser sa partenaire de jeu à parler, notamment à son agent. Il "la soutient... mais de loin et en silence". La production "ne veut pas intervenir, trop de risques". "'Tu comprends, si on dit quelque chose, il pourrait se braquer et quitter le film... et ça, c'est pas possible'. Et dans ma tête, je me dis : 'HE, HO, LES GARS, EN FAIT C'EST ELLE QUI VA PARTIR SI VOUS FAITES RIEN !' Mais non", se souvient-elle.
L'affaire s'arrête là, le film se tourne. Lorsqu'elle le quitte, Alice de Lencquesaing se renseigne un peu sur l'acteur en question. "'Ah bah oui, lui, il est comme ça, d'ailleurs, il a fait le même coup à l'actrice du précédent film de ce même réalisateur. Alors, bon, faut pas qu'elle le prenne pour elle, la gamine'", rapporte la jeune actrice qui manque à nouveau de s'étrangler devant le silence.
De son côté, Elle se justifie d'avoir choisi ne pas publier cette lettre. "On souhaitait que l'actrice ne se retrouve pas seule devant les feux des critiques", prétexte le magazine qui a tout de même démarré une enquête, à l'image de celle du New York Times à qui on doit d'avoir révélé le scandale Weinstein. "La plupart du temps, on s'est heurtées à des fins de non-recevoir", en dépit de témoignages, glissés hors interviews officielles et sous couvert d'anonymat...
Récit à retrouver en intégralité dans le magazine Elle, numéro du 20 octobre 2017.