A Roland-Garros, Sébastien Grosjean, 33 ans à la fin du mois, a quelques bons souvenirs de deuxième semaine : une demi-finale contre Corretja en 2001, un quart contre Safin l'année suivante, et encore un huitième contre le roi (en devenir, à l'époque) Nadal en 2008. Ça, et, bien sûr, le soutien incandescent du public parisien pour le sympathique Provençal au jeu spectaculaire.
Dimanche 22 mai, quasiment un an jour pour jour après avoir annoncé sa retraite (anticipée de quelques semaines en raison d'une blessure), le Français, ancien numéro 4 mondial, a écrit un autre chapitre de son histoire d'amour avec le tournoi de la Porte d'Auteuil : simultanément à l'ouverture des hostilités, il inaugurait la rue à son nom au sein du Village de Roland-Garros, au côté du président de la Fédération, Jean Gachassin.
Looké (il a définitivement abandonné la casquette à l'envers) et rayonnant, Sébastien Grosjean, qui a toujours cultivé la discrétion hors des courts, a savouré le moment, en attendant sans doute de retrouver son poulain, Richard Gasquet, pour les dernières consignes avant d'entrer dans le vif du sujet.
Cette année, c'est depuis les tribunes que Grosjean vivra le tournoi. Lundi 23, il observait l'entrée en matière victorieuse de Richard Gasquet, qu'il coache en alternance avec Riccardo Piatti. Une des casquettes du Sébastien Grosjean nouveau. Dans le numéro 12 de son supplément Journal du Tennis (mai 2011), L'Equipe s'intéresse à la seconde carrière du tout jeune retraité des courts, qui s'articule autour de quatre axes :
- ambassadeur : l'ancien numéro un français est devenu le porte-étendard du tournoi Challenger d'Orléans. Le directeur, Didier Gérard, avait prévu de l'enrôler comme joueur-tête d'affiche, mais la retraite de Grosjean l'a incité à reformuler son offre. Et Seb officie donc comme promotteur de ce tournoi qui aspire à accéder au rang d'ATP 250. "Les joueurs, c'est facile, je connais, explique Grosjean, propre à attirer quelques pointures dans le Loiret. Et si quelque chose ne va pas, ils viennent s'adresser à moi. Mais il faut aussi être prêt des partenaires, aller vers eux pour les satisfaire." Didier Gérard ne tarit pas d'éloges : "Pour sa première édition, il a rempli son rôle au-delà de mes rêves les plus fous. Pas besoin de lui répéter les choses à faire. Il a mis les partenaires dans sa poche, loin de l'image qu'il pouvait avoir comme joueur, avec sa casquette à l'envers. Il l'a mis au placard. Ils veulent tous voir maintenant Sébastien Grosjean."
- coach : outre les conseils qu'il dispense dans une école de tennis de Floride, il a accepté, alors qu'il ne souhaitait pas coacher, se raviser pour le cas Gasquet, pour une durée spécifique de dix semaines. "C'est Eric Deblicker qui m'avait demandé d'intervenir à ses côtés pour aider Richard (...), qui est quelqu'un que je connais très bien et que j'apprécie. Je ne l'aurais pas accepté pour un autre. Richard a quelque chose..."
- consultant : Sébastien Grosjean avait amorcer le mouvement en s'essayant au micro lors de Roland-Garros 2010, et il y a pris goût. Avec son expertise, son oeil gourmand et sa connaissance encyclopédique, il fait des merveilles pour Orange Sport. Le directeur des chaînes sport d'Orange, Pierre Robert, résume avec satisfaction : "Sébastien est quelqu'un d'authentique. Il dit les choses à l'antenne, de manière assez "cash", avec à la fois beaucoup d'empathie. Avec sa dimension pédagogique, il rend les choses du tennis accessibles au plus grand nombre."
- philanthrope : Déjà disponible pour les bonnes oeuvres en carrière, il tiendra pendant la quinzaine de Roland-Garros 2011 son troisième dîner de gala et la vente aux enchères qui va avec au profit de sa fondation contre les maladies orphelines, par le biais de laquelle il a soutenu durant des années un jeune malade, Kevin (touché par l'ataxie de Friedrich), aujourd'hui "grand et universitaire". "Peut-être que parce que j'ai toujours été plus mûr que mon âge, que je me suis marié tôt et que j'ai eu des enfants jeunes, je me suis vite rendu compte de ce qui se passait autour de moi...", analyse-t-il.
Et le Marseillo-Floridien prend plaisir à jongler : "Dix semaines par-ci de coaching aux Etats-Unis, dix tournois par-là de commentaires à Paris, dix jours à Orléans en monsieur Loyal, il jongle avec son planning en plein stage en accéléré de reconversion." Quant à la transition après l'officialisation de sa retraite l'an dernier, l'intéressé témoigne : "Il y a eu juste trois mois un peu durs, après l'annonce et avant de vraiment choisir ce que je pouvais faire. Mais je n'ai ressenti aucune nostalgie par rapport à ma carrière de joueur."