Tant qu'à passer pour une tête à claques, Ségolène Royal préfère les distribuer. Ultime camouflet d'une année calamiteuse qui lui a arraché de chaudes larmes, l'ancienne chef de file socialiste a eu la désagréable surprise de se découvrir en couverture de VSD au côté de DSK et en ouverture de son traditionnel sondage de fin d'année dédié aux personnalités qui ont le plus agacé les Français : à 68%, les sondés l'ont désignée, elle, comme étant la personnalité politique la plus pénible des douze derniers mois. Un jugement qui, hélas pour la présidente du conseil régional de Poitou-Charentes, abonde dans le sens du maigre ralliement (moins de 7%) à sa cause en novembre dernier lors des primaires socialistes pour l'élection présidentielle de 2011. Et tandis que la rédaction de VSD analysait froidement les scores résultant de cette étude (réalisée en ligne par VSD et l'institut Harris auprès de 1001 personnes représentatives de la population de 18 ans et plus), observant que "si certains résultats sont surprenants, d'autres témoignent d'une réelle persistance dans l'agacement, confinant à la franche antipathie", Ségo sortait de ses gonds...
"Harcèlement moral" (eu égard au fait qu'un sondage similaire de VSD en décembre 2010 avait les mêmes effets), "atteinte à sa dignité de mère de famille, de tels propos étant particulièrement odieux pour des enfants, même adultes", "injure publique à l'égard de ses fonctions d'élue qu'elle exerce avec dignité et honnêteté, ces propos étant de nature à porter atteinte à sa réputation locale et internationale" : voilà quelques-uns des motifs de plainte que l'élue socialiste envisageait de retenir en vue d'une action en justice. Piquée au vif et menaçante, Ségolène Royal justifiait sa réaction musclée par "le caractère moralement très violent" de la couverture de VSD "en cette période de fêtes familiales" : "L'appât du gain ne saurait tout justifier de la part de journaux à sensation en mal de sujets élevant le débat public", fustigeait-elle encore dans son communiqué offensif.
Réponse du berger à la bergère, c'est au tour de VSD, par la voix de son rédacteur en chef Philippe Bourbeillon, de réagir aux menaces de Ségolène Royal. Et puisque l'intéressée parlait "d'élever le débat public", c'est avec beaucoup d'à propos que M. Bourbeillon publie sa réponse sur le site de référence en la matière, Newsring.fr, agora en ligne flambant neuve - et déjà hyperactive - parrainée par Frédéric Taddéi , au sein du débat ouvert sous le titre "Royal : les politiques sont-ils trop susceptibles ?" Contre toute attente, sa réponse à cette question est... non. Son argument : "Les hommes et les femmes politiques, qui sont des bêtes de communication, ont le cuir bien plus tanné qu'ils ne veulent bien le laisser entendre."
Concernant Ségolène Royal plus spécifiquement, il note que celle-ci avait déjà eu une réaction "épidermique" face au même sondage publié l'an passé, et n'omet pas de contextualiser sa nouvelle saillie : "Elle a été fortement déçue car c'est une femme ambitieuse, et à juste titre." Sur le fond de l'embrouille, Philippe Bourbeillon signale : "Ce n'est qu'un sondage, et il ne reflète pas l'opinion du journal qui le diffuse, il reflète celle des personnes qui ont été interrogées. Après, que Ségolène Royal se sente agressée, c'est son problème. Je voudrais la citer : "Je crois qu'il faut accepter le débat démocratique, il faut aussi accepter de rendre des comptes sur son action politique sans crier à l'agression"." Une réponse à lire en intégralité sur Newsring.fr.
Jeu de communicant ? Amour-propre et dignité blessés ? Ségolène Royal interviendra-t-elle à son tour sur le site pour faire progresser le débat ?
G.J.