"Il y a eu énormément de changements dans ma vie. Je n'ai plus 20 ans, je suis marié, je suis papa. Je suis devenu une personne responsable". Voilà comment Soso Maness aimerait qu'on le considère. À 34 ans, l'artiste marseillais est conscient de son passé de dealeur à la "plus haute step du réseau avant le boss" passé par la case prison, mais sait aussi à quel point il a évolué. Malgré un séjour aux Beaumettes en 2016, l'originaire de la cité de Font-Vert a gardé les bons réflexes du trafic : de la rigueur, une organisation à toute épreuve mais surtout, l'amour du fait maison.
Grâce à Jul et d'autres artistes comme PNL, toute une génération sait qu'il est possible d'y arriver seul dans la musique. Sans le moindre centime revenant aux maisons de disques. "On est conscients de notre force", estime Soso Maness dans un portrait à Libération, paru le jeudi 17 mai 2021. C'est cette personnalité aussi ambitieuse que sensible qui a plu à Madame Maness, sa compagne depuis plus de quinze ans.
Quand on me voit arriver avec ma femme et mes enfants, c'est motivant
Soso et Madame Maness oeuvrent aujourd'hui pour tous ceux tombés dans le trafic et aident ces cités "entrées dans le piège du capitalisme". Ensemble, ils travaillent sur une "grande bibliothèque" pour les quartiers Nord de Marseille. "Quand on me voit arriver avec ma femme et mes enfants, c'est motivant. Moi les seuls modèles que j'avais, c'étaient les patrons de réseaux", se souvient le rappeur.
Pour en finir avec cette stigmatisation des quartiers et l'idée qu'aucune rédemption n'est possible, Soso Maness aurait préféré décliner un rôle proposé dans Validé, la fiction sur le monde du rap de Franck Gastambide, dont la première saison termine par un meurtre suite à un règlement de compte. "Les caricatures, c'est facile. Je suis un mec des quartiers, j'ai fait de la prison, est-ce qu'on me voit parler comme un wesh-wesh depuis tout à l'heure ? Je dois montrer qu'un mec comme moi a su s'élever intellectuellement", ajoute-t-il à Libération.