Souleymane Diawara n'aura pas que de bons souvenirs à Marseille... S'il a longtemps eu ses habitudes à La Commanderie (centre d'entraînement Robert-Louis-Dreyfus), c'est aujourd'hui à la tristement célèbre prison des Baumettes que l'ancien défenseur emblématique de l'OM séjourne. Un séjour qui se prolonge, après le rejet, vendredi 17 avril, de sa demande de remise en liberté.
Mis en examen et écroué depuis le 10 avril pour "extorsion et tentative d'extorsion", Souleymane Diawara, 36 ans, reste pour le moment incarcéré, ainsi que son frère Adama et deux de leurs proches : la cour d'appel d'Aix a rejeté vendredi sa demande de libération, au grand dam de ses avocats. Me Grégory Bensadoun et Me Christian Saint-Palais (par ailleurs avocat de Nabilla Benattia) avaient sollicité la remise en liberté sous contrôle judiciaire de leur client, tout en soulignant, relève Nice-Matin, que le recours éventuel à un bracelet électronique leur apparaissait incompatible avec ses activités de joueur de l'OGC Nice. Possiblement échaudé par le fait d'avoir saisi un téléphone portable que "Souley" a eu dans sa cellule, incident dont le procès-verbal a été lu lors de l'audience tenue à huis clos, le tribunal a justifié sa décision par des "risques de fuite ou de représailles". Me Alain Baduel, conseil du frère du joueur, a pour sa part considéré le placement en détention provisoire "sévère".
Souleymane Diawara, son frère Adama et trois autres hommes (dont l'un est toujours recherché) sont soupçonnés d'extorsion et tentative d'extorsion au préjudice d'un négociant de voitures de luxe. Le footballeur sénégalais aurait envoyé les quatre individus confronter la victime, un ancien militaire, à son domicile de Reillanne (Alpes-de-Haute-Provence) le 19 mars dernier. Les prévenus venaient lui réclamer le remboursement de 49 800 euros que Diawara avait payés (en espèces) en 2013 pour l'achat d'une Porsche Cayenne qui s'était avérée volée et avait été saisie.
Si eux affirment n'avoir pas fait usage de la force lors de ce que le quotidien Nice-Matin qualifie "d'opération commando", la version du plaignant concernant sa séquestration deux heures durant, fournie aux gendarmes le 21 mars et recueillie par le quotidien méridional, diverge. Alors qu'il voit, vers 22 heures le 19 mars, une voiture arriver à toute allure devant chez lui, il interpelle ses occupants. Il raconte la suite : "L'un avec une capuche semble tenir une arme dans sa poche. Il me dit, droit dans les yeux : "T'es sûr, t'ouvres pas ?" Un dénommé Karim s'interpose : "Ne tire pas, je défonce la porte." Je leur ouvre et prends un coup dans la nuque qui me fait trébucher sur le canapé (...) Placés dans une pièce voisine avec mon épouse, mes enfants entendent tout. Pendant que Karim me serre dans l'angle de la cuisine, le frère de Souleymane répète : "Tu vas payer, voleur, escroc." Il a à la main un téléphone avec le kit main libre en fonction. J'entends clairement Souleymane lui donner des ordres." Minuit passé, les assaillants repartent, avec bijoux, ordinateur et autres effets, prenant aussi en gage une BMW série 7 et menaçant : "De toute façon, tu es foutu, on te retrouvera toujours"."
Rappelons que toutes les personnes mises en examen dans le cadre de l'affaire sont présumées innocentes jusqu'au jugement définitif.