Fin janvier, l'hebdomadaire L'Express publiait une enquête choc sur le suicide de Bernard Loiseau, mettant notamment en cause le Guide Michelin. Un peu plus d'un mois après, Dominique Loiseau, la veuve du chef étoilé, conteste la version du magazine dans un entretien accordé au Point.fr. Selon elle, son époux ne s'est pas donné la mort en 2003 à cause du Guide Michelin, qui menaçait de lui retirer sa troisième étoile, mais pour bien d'autres raisons...
"L'Express a manipulé la vérité"
Dominique Loiseau en veut d'abord à L'Express et à l'auteur de l'article, François-Régis Gaudry, qu'elle a rencontré pour les besoins de l'enquête. "L'Express a manipulé la vérité. Je ne lâcherai pas. (...) François-Régis Gaudry nous a bernés", lance-t-elle. L'épouse du défunt chef raconte comment le journaliste l'aurait trompée, une fois le dossier pour L'Express sensé être bouclé. "Il m'a alors annoncé que son article allait prendre une tout autre tournure, car il avait des documents inédits sur le Guide Michelin concernant les raisons du suicide de Bernard. Je lui ai répliqué qu'il se trompait, car Bernard savait qu'il avait gardé sa troisième étoile avant de mettre fin à ses jours. Il n'a rien voulu entendre", regrette-t-elle. Dominique Loiseau a même envoyé un droit de réponse, qui n'a pas "toujours pas été publié".
Lors de cet entretien, Dominique Loiseau en profite pour rétablir certaines vérités sur la disparition de son époux, et notamment un épisode déterminant, "trois semaines avant sa mort". "Bernard a été ébranlé début février 2003 par un article de François Simon, le journaliste du Figaro", raconte-t-elle. Le chef aurait été "bouleversé par une phrase bien particulière. Le Figaro avait annoncé que Bernard Loiseau était légitimement menacé par le Michelin. Ce mot 'légitimement', Bernard ne l'a jamais compris et surtout jamais accepté", explique-t-elle aujourd'hui, mettant à mal la version de L'Express.
Respecter la mémoire
La veuve de Bernard Loiseau va même plus loin dans son analyse, mettant plus directement en cause le journaliste du Figaro. "Si François Simon avait eu un minimum de courage et de droiture pour s'en expliquer simplement avec Bernard, nous n'en serions peut-être pas là", regrette-t-elle. Déjà accusé dans le passé par le chef Jacques Pourcel, président de la Chambre syndicale de la haute cuisine, François Simon s'est toujours défendu. "On a voulu me faire passer pour un assassin. Et le Michelin, qui a bel et bien envisagé de retirer la troisième étoile à Bernard Loiseau, s'est dédouané de toute responsabilité", déclarait-il, selon L'Express.
Dans LePoint.fr, Dominique Loiseau dément encore au passage la mauvaise santé financière du groupe Bernard Loiseau qui aurait pu entraîner sa chute et parle plutôt de sa fatigue puisque leur restaurant était ouvert "365 jours dans l'année". "Il ne comprenait pas non plus que la cuisine moléculaire puisse être présentée comme la vraie tendance de l'avenir", ajoute-t-elle à propos du chef cuisinier, mort à l'âge de 52 ans. Dominique Loiseau sous-entend désormais qu'elle pourrait attaquer L'Express en justice : "Chaque fois que les médias, quels qu'ils soient, se sont attaqués à sa mémoire, j'ai demandé réparation. Rien ne m'a jamais arrêtée pour rétablir la vérité. La décence voudrait que l'on respecte la mémoire de mon mari."