Dur revers pour Sylvia Roth, veuve du plus fameux collectionneur d'art français, Daniel Wildenstein, décédé en 2001 : dans le bras de fer qu'elle a engagée contre les fils de son défunt mari, la justice lui a donné tort...
Nous vous rapportions récemment, en écho à un long et déchirant entretien accordé par la veuve de 77 ans au JDD, jusqu'aux moindres détails de cette affaire de succession tumultueuse : "Que l'on me restitue mes droits, et tout s'arrête. Ils m'ont volée, et maintenant ils attendent que je meure", clamait Sylvia Roth, estimant avoir été lésée.
A la mort de Daniel Wildenstein, en 2001, ce sont ses deux fils nés d'un premier mariage, Alec (décédé en 2008) et Guy, qui ont pris en main les affaires familiales. Et, bien qu'ayant été mariée sous le régime de la communauté, Sylvia s'est retrouvée avec pour seule consolation une rente annuelle de 400 000 euros et un bel appartement avec vue sur le bois de Boulogne. Quasi anecdotique à l'échelle du patrimoine légué par le défunt, qui s'élèverait à quelque 3 milliards d'euros. Et, surtout, elle ne possède rien.
La veuve spoliée avait décidé d'attaquer en justice "tous azimuts" - avocats, notaires, belle-famille - avec constitution de partie civile pour "abus de confiance" auprès du pôle financier de Paris, dénonçant l'existence de "trusts hébergés dans des paradis fiscaux (...) qui abritent des biens colossaux qui n'ont pas été déclarés dans la succession de Daniel Wildenstein". "On m'a trahie, on m'a volée, on m'a escroquée !, s'insurgeait-elle. A peine mon mari était-il mort que mes beaux-fils m'ont fait croire qu'il était ruiné, que j'allais être poursuivie par le fisc. On m'a fait des signer des papiers pour que je renonce à l'héritage, on m'a pris mes chevaux..."
En dépit de ces accusations rageuses, la cour d'appel de Paris a débouté Sylvia Roth, qui réclamait 50 millions d'euros "en réparation de ses préjudices matériel et moral". Par surcroît, elle a été condamnée à verser 50 000 euros à chacun des deux fils ainsi qu'à la veuve du troisième, au titre des dommages et intérêts, ainsi que 25 000 euros supplémentaires dans le cadre d'une autre procédure.
La cour, statuant, a estimé que Sylvia Roth, qui avait déjà perçu en 2004 une provision de 15 millions d'euros, avait mené une "stratégie procédurale destinée à destabiliser ses adversaires", accompagnée d'un "battage médiatique" ayant pour but de la présenter "comme une victime".
Sylvia Roth et son avocate préparent un pourvoi en cassation assorti de plusieurs plaintes pénales.