Thomas Pesquet, célèbre spationaute français, fait la couverture du Madame Figaro et la promotion de son livre, Ma vie sans gravité (Flammarion). Entre interview et extraits de son ouvrage révélés par le magazine, on en apprend (pour une fois) beaucoup sur sa vie privée. Et notamment sur l'ultimatum qu'a voulu lui imposer la femme de sa vie : Anne Mottet.
"Pour laisser son compagnon dans l'espace, je pense qu'il faut être fort. En ça, Anne a une force de caractère qui dépasse la mienne de très loin, de très très loin. Parce que l'impact de cette activité professionnelle ne se résume pas à des absences. Être astronaute implique que son noyau familial arrive à fonctionner entièrement sans nous. Parce que même pendant les deux, trois ans d'entraînement, on n'est pas là, on n'a pas la main sur notre emploi du temps", raconte Thomas Pesquet. Et il est vrai que son quotidien avec Anne n'a rien à voir avec la plupart des couples. Anne, docteur en agrosystème pour les Nations unies, voyage dans le monde entier au nom de l'amélioration de technologies agricoles. Il poursuit : "Le gros risque, c'est que l'autre finisse par se dire qu'on n'est pas si indispensable à sa vie."
Thomas Pesquet et Anne Mottet ont réussi à surmonter cela mais il y a une chose que la compagne du spationaute a vécu comme un "traumatisme". C'était en 2016, au moment de décoller pour la première fois depuis le cosmodrome de Baïkonour, enclave russe perdue dans le fin fond du Kazakhstan. Le compte à rebours était interminable et a longtemps hanté sa compagne. "A l'heure du tir, je me dis que quoiqu'il arrive dorénavant à mes proches, je ne serai là pour personne", se souvient Thomas Pesquet de son côté.
Anne ne voulait pas revivre pareille situation et ne lui a pas caché. Il raconte : "Je me souviens d'une discussion avec des amis qui disaient : 'Mais attends, ce que fait Thomas, c'est trop important, évidemment qu'il faut qu'il parte, pour toute la France, pour tout le monde !' Elle détestait ça, elle disait : 'Mais comment ça, évidemment ? Il n'y a pas d'évidence, il n'y a que des choix.' Quand je suis revenu sur Terre après six mois sur l'ISS, elle m'a effectivement dit, comme je le raconte dans le livre : 'Je l'ai fait une fois, et c'est fini. La prochaine fois que tu pars dans l'espace, je ne serai plus là.' Elle était là pour la seconde".
Amoureux et voulant montrer à la femme de sa vie ô combien elle compte pour lui, Thomas Pesquet, pendant ses deux missions, soit 400 jours en tout, l'a appelée "absolument tous les jours". "C'est super compliqué à mettre en place. Je n'avais pas beaucoup de connexion et Anne voyageait beaucoup pour les Nations Unies : il fallait qu'elle se trouve un numéro local dans le pays où elle arrivait, qu'elle s'achète une carte SIM avec un numéro, qu'elle l'envoie par e-mail, et puis on devait trouver un créneau compatible avec nos emplois du temps", explique-t-il.
Et faut-il encore ensuite qu'elle réponde ! Il raconte d'ailleurs une drôle d'anecdote : "Un jour, alors qu'elle était en Ethiopie, elle n'a pas répondu à l'heure dite. J'ai appelé la réception de l'hôtel pour leur demander de vérifier si elle n'était pas au bar, et j'ai insisté en disant que j'appelais depuis l'espace. Le réceptionniste ne croyait simplement pas. Il m'a demandé d'abord méfiant : 'Mais Monsieur, qui êtes-vous ? Que voulez-vous ?" Un étonnement qui rappelle celui de Pierre Niney qui avait lui aussi reçu un coup de fil improbable du spationaute depuis l'espace.