Pour son come-back après quatre mois de retrait thérapeutique suite à l'étalage de ses frasques extra-conjugales, Tiger Woods, sans le soutien de sa famille (son épouse Elin est notamment allée se détendre avec leur fils Charlie et la famille Federer dans les Keys) mais avec celui du public, s'est montré irrégulier, accrochant une quatrième place au contact des meilleurs mais quittant le Masters d'Augusta frustré et incertain. C'est presque reparti comme en 40, activité de son sponsor principal et indéfectible à l'appui - Nike a en effet fait paraître, simultanément au retour du Tigre, une publicité mystifiante utilisant la voix du défunt père de Tiger (publicité rapidement détournée en parodie !).
Le numéro un mondial avait confié, concernant son retour à la compétition au Masters d'Augusta (tournoi qu'il a remporté à quatre reprises), combien il était à l'aise de reprendre à cette occasion. Dès sa première apparition sur le practice, sa décontraction était évidente, et, à l'issue d'une première journée qui entérinait une rentrée en forme (carte de 68, quatre coups sous le par, à deux coups du leader, son compatriote Fred Couples), rien à signaler : "business as usual" - "c'est comme d'habitude", lâchait nonchalamment l'intéressé.
Finalement, le Tigre ne mettra pas le Masters dans sa vitrine une cinquième fois : après une troisième journée presque aussi riche en bogeys qu'en birdies, Tiger Woods, alors toujours en course, laissait la victoire lui échapper lors de l'ultime journée, notamment en péchant au trou n°14 (une erreur de putt synonyme de bogey en lieu et place d'un birdie). Phil Mickelson, son fameux dauphin dans la hiérarchie mondiale, ne s'est pas fait prier pour s'imposer, régalant le public georgien de coups prodigieux et de quelques eagles sensationnels. Frustré par sa prestation dans ce tournoi qu'il "souhaitait gagner" ("trop d'erreurs sur les greens, trop de mauvais coups que je ne fais pas d'habitude, je n'ai pas été bon", s'est-il flagellé), Woods, quatrième à cinq coups du vainqueur, a indiqué qu'il allait marquer une nouvelle pause afin de "réévaluer les choses", sans communiquer une éventuelle prochaine participation à une compétition.
Le contraste était saisissant, entre ce Tiger Woods crispé par sa place d'honneur sans saveur et la joie saisissante d'un Phil Mickelson en larmes, savourée avec son épouse Amy, qui souffre d'un cancer du sein et qui assistait à son premier tournoi en onze mois depuis le diagnostic, et leurs trois enfants : "Après tout ce que nous avons traversé depuis un an, c'est vraiment beaucoup d'émotions", a-t-il déclaré. D'autant plus saisissante, entre la superbe (et donc l'orgueil) du premier et la simplicité qui fait la popularité du second, que le formidable gaucher Mickelson avait lui aussi mis sa carrière entre parenthèses, un peu avant Woods, mais pour une raison plus "louable" : pour être au chevet de sa femme... Quant à Tiger, aura-t-il le droit de se rapprocher de la sienne prochainement ? Wait and see...
G.J.