Sous le choc d'une série de scandales pédophiles sans précédent au sein de laquelle l'affaire Jimmy Savile semble n'être que l'arbre (certes monumental) qui cache la forêt, la Grande-Bretagne se serait sans doute volontiers passée de nouvelles révélations sur des comportements inappropriés au pensionnat. Surtout émanant de la famille royale...
Critique et auteur gastronomique très réputé, qui publiait en octobre son cinquième ouvrage (un livre de recettes consacré à la viande, des morceaux nobles aux bas morceaux) et vient dans le Daily Mail de faire un écho sur un nouveau restaurant chinois à Manchester, Tom Parker Bowles s'est offert une promo pour le moins salée. Voire salace.
Le fils de la duchesse Camilla et de son premier mari Andrew Parker Bowles s'est récemment remémoré, au cours d'un entretien avec le prestigieux Times, ses années passées en internat à Summer Fields, une école préparatoire privée (plus de 30 000 euros l'année) des environs d'Oxford. Et si l'opinion publique a accueilli assez froidement le fait que Camilla Parker Bowles envoie son garçon en pension à l'âge de 7 ans seulement, pendant huit mois au début des années 1980, elle a été carrément échaudée en lisant les déclarations du fiston devenu grand et sur le point de fêter ses 40 ans (le 18 décembre).
Du rififi au pensionnat
C'est en évoquant l'anniversaire de sa propre fille, Lola, qui a fêté ses 7 ans le 9 octobre 2014 et a deux ans et demi de plus que son frère Freddy, que Tom Parker Bowles raconte avoir reparlé de cette époque-là avec sa mère. "[Elle était] passablement consternée, et m'a dit que si c'était à refaire, elle ne le referait absolument pas", dit-il en faisant part des regrets exprimés par sa mère. Des regrets compréhensibles au vu des révélations faites par Tom Parker Bowles, qui étudia ensuite au fameux Eton College puis à Oxford : "c'était le foyer de tout un tas de choses qui sont maintenant mises au jour", affirme-t-il elliptiquement avant d'indiquer qu'un des maîtres d'école se trouvait avec les enfants nus, le matin, lors de leur douche. Son père lui avait alors dit de le tenir au courant si quelque chose devait arriver : "Il y a certaines choses qui n'étaient pas bien, j'en parlais à mon père et il me disait : "Bon, s'il se passe quelque chose, tu me le dis." Ce ne fut pas le cas. Alors peut-être que c'est hors de propos." Après quoi, il intégra l'Eton College, où ses résultats médiocres ("nul en tout, bon pour fumer et boire de l'alcool", de son propre aveu) lui valurent les foudres du paternel : "Je ne vais pas dépenser autant d'argent pour toi si tu ne veux pas te sortir les doigts", menaçait-il...
Dans l'interview, Tom Parker Bowles revient aussi sur l'épreuve qu'a été pour lui l'étalage public de la liaison de sa mère avec le prince Charles dans les médias en 1993, avec la retranscription dans la presse d'une conversation privée des deux tourtereaux, et, plus positivement, décrit Camilla comme une "grand-mère fabuleuse" qui travaille énormément après avoir eu pour seul métier de s'occuper de ses enfants, "ce en quoi elle a excellé".
Effet boule de neige
Mais ce sont surtout ses allégations délétères qui ont marqué les esprits... et les parties concernées. La police s'intéresse à la faire, l'ancien directeur de l'établissement défend son honneur, et l'affaire est à l'origine d'un projet de réforme de la législation encadrant les écoles et autres activités impliquant des enfants... D'autant que l'école incriminée, Summer Fields, fait l'objet d'une autre accusation, poursuivie en justice pour des abus sexuels présumés qui seraient survenus en 1972, un peu moins de dix ans après le passage entre ses murs de Tom. Un ancien élève, âgé de huit ans au moment des faits prétendus, a porté plainte : il aurait à l'époque été agressé sexuellement par deux enseignants. L'avocate du plaignant a exhorté le fils de la duchesse de Cornouailles à faire une déposition à la police concernant ce qu'il a vu de son temps, et a salué le fait qu'il en ait parlé publiquement. Du côté de l'école, un porte-parole a confirmé les poursuites judiciaires engagées par un ancien élève, a pris acte des déclarations d'un autre (Tom) dans la presse, et a affirmé avoir enquêté avec le directeur d'alors. Résultat des courses : ce dernier "a confirmé que l'incident en question, qui avait fait l'objet d'une enquête à l'époque, ne s'est pas déroulé comme cela a été dit et qu'il ne constituait en aucune façon un cas d'abus sur mineur".
Quant au directeur, Nigel Talbot Rice, 76 ans, il s'est contenté de qualifier d'"âneries" les allégations de Tom Parker Bowles, ajoutant qu'il s'agissait d'un "jeune garçon très heureux" (quel est le rapport ?), et a démenti avoir connaissance du moindre dépôt de plainte.
C'était quoi, au fait, la devise de Summer Fields ? Ah oui : "Un esprit sain dans un corps sain."