Les apparences sont parfois trompeuses : si on salue aujourd'hui les belles performances de Tony Parker hier soir, sur son parquet texan, inscrivant 22 points et menant à la victoire (105-85) ses Spurs de San Antonio dans le gros choc de la conférence ouest face aux Lakers d'un Kobe handicapé par une attelle, les fans français de la NBA et les observateurs du basket-ball ne sont pas dupes... Le meneur de jeu tricolore est loin, malgré ses exploits de danseur parodiant Grease, cette saison, du rendement qui lui a valu d'intégrer par le passé la sélectionn All-Star et de glaner le titre de MVO des phases finales 2007...
La saison dernière, TiPi flambait avec 22 points par match de moyenne (record personnel) à un taux de réussite légèrement au-dessus de 50%, et près de 7 passes décisives. Après 32 rencontres cette saison, le Frenchie affiche un faiblard 16,7 points par match (48,9% de réussite au shoot), et 5,8 passes décisives de moyenne - ses plus faibles performances depuis la saison 2004-2005. Un coup de mou que l'intéressé lui-même, pourtant toujours capable d'enflammer la situation sur le terrain, ne peut ignorer...
Il est loin, le temps où TiPi, le rappeur, phrasait "Maman merci pour les vitamines" (La Famille). Si la suite, "Papa merci pour le sket-ba, l'amour du jeu", vaut toujours, l'effet des vitamines semble s'être dissipé. Ce matin, dans les colonnes du quotidien L'Equipe, l'époux de la Desperate Housewife Eva Longoria confessait un coup de barre qui pourrait le pousser à renoncer au Mondial avec l'équipe de France. "Ça ne peut pas continuer", titre d'ailleurs le journal sportif, reprenant les mots du joueur, pour introduire l'inquiétude : "Je me sens fatigué cette saison. J'ai mal partout. Ça va être chaud de continuer sur les deux fronts, NBA et Equipe de France. J'ai joué lors des cinq derniers étés [un élément sur lequel il insiste, NDLR] et jamais je n'avais été fatigué comme ça durant la saison NBA. Ça ne peut pas continuer."
Après avoir dissimulé autant que faire se peut ses problèmes récurrents aux chevilles ("J'ai voulu faire le guerrier et j'espérais que cela allait passer"), Tony Parker, alors qu'il doit bientôt négocier une éventuelle prolongation chez les Spurs (son contrat court jusqu'en 2011), ne se cache plus : "Il n'y a pas un match où je peux jouer à fond. Pour vraiment régler un problème de voûte plantaire, les docteurs me disent de m'arrêter deux mois... C'est évidemment impossible maintenant. En plus j'ai une tendinite à la cheville gauche, un oedème sur la droite, et je me traîne. Mais je ne suis pas assez blessé pour arrêter complètement (...) Je dors avec une chaussette spéciale qui m'étire le pied à l'horizontale pour éviter qu'il se recroqueville. Je viens aussi de changer de semelles car j'ai les pieds plats et je joue maintenant avec une bosse sous le pied. Ça fait mal et c'est trop bizarre." En fait, il est atteint d'anponévrosite plataire...
On l'aura compris : des choix s'imposent. Mais il n'est pas encore temps de les faire. "On verra". Et tant qu'à choisir, plutôt l'Euro 2011, une compétition qualificative pour les Jeux Olympiques de 2012, que le Mondial 2010.
"Je ne suis pas une machine et là mon énergie ne revient pas, déplore-t-il encore (...) C'est de plus en plus dur d'enchaîner. Et quand tu joues blessé, les gens ne comprennent pas que tu soies moins bon. Et cela a un impact sur ton prochain contrat. Si je veux obtenir le contrat que je veux, je ne peux pas me permettre de jouer comme cette saison. Attention, ce n'est pas moche. Mais mes standards sont plus élevés que ça (...) Je ne suis pas vieux. C'est juste que je n'ai pas d'énergie. Mais je ne veux pas que les gens croient que je suis moins motivé..."