À l'heure où le marché oriental est particulièrement sensible au sous-texte des machines hollywoodiennes, le studio Sony a décidé de prévenir la réaction de la censure chinoise face au Total Recall de Len Wiseman, avec Colin Farrell en lieu et en place de Schwarzenegger. Le réalisateur américain aurait ainsi décidé de modifier quelques détails du scénario pour éviter d'attiser la colère de l'Empire du Milieu, évitant ainsi une probable polémique.
The Hollywood Reporter révèle que le studio Sony et Len Wiseman ont décidé de retirer toute référence à la Chine dans le scénario de Mark Bomback et Kurt Wimmer. Censé prendre place sur une Terre dévastée, Total Recall se déroule entre deux zones propres, nettoyées de toute contamination. La première se situe en Europe de l'ouest et rassemble les personnes les plus riches dans une métropole futuriste. La seconde ressemble à l'Australie et amasse les ouvriers dans une cité sombre et humide. Surnommée "Nouvelle Asie" dans la première version du scénario, cette ville clairement inspirée de Blade Runner (1982) s'appelle finalement "La Colonie". En outre, l'improbable ascenseur qui relie La Colonie à la cité des riches devait être appelé "La chute vers la Chine" avant d'être réduit à "la Chute" pour éviter toute lecture politique.
Le studio a évidemment évité tout commentaire mais il est clair qu'il y a une part de vrai : les premières informations sur le film évoquaient la "Nouvelle Asie". Ces décisions permettent à Total Recall de ne pas froisser le China Film Group, une entité surpuissante qui contrôle les blockbusters du marché pour éviter tout sous-texte politique - et qui aurait tout à fait sa place dans un film de science-fiction sur le totalitarisme. Le China Film Group veille aussi à ce que le cinéma hollywoodien ne domine pas le marché, probablement dans l'espoir d'assommer les masses. Néanmoins, les sources affirment que ces décisions sont uniquement celles du studio et que la censure n'a même pas eu le temps de dégainer.
Ce n'est ni la première ni la dernière fois que le marché international bouleverse un blockbuster - et vice et versa. En janvier, David Fincher avait notamment refusé de se plier à la censure indienne qui demandait à ce que plusieurs scènes soient coupées dans Millénium : Les hommes qui n'aimaient pas les femmes. Le même pays exprimait son mécontentement devant la peinture faite des bidonvilles dans Avengers, avant que le Japon ne s'offusque d'une affiche du film de super-héros qu'il considérait comme choquante.
Alors que Total Recall se plante au box-office américain, il cartonne en France. Le film d'action avec Kate Beckinsale et Jessica Biel a attiré 442 956 spectateurs lors de son premier week-end, dépassant ainsi Rebelle et The Dark Knight Rises.