Total Recall : Pourquoi le remake ne doit pas être descendu par la critique
Publié le 9 août 2012 à 08:30
Par Geoffrey C.
Colin Farrell dans Total Recall de Len Wiseman. Colin Farrell dans Total Recall de Len Wiseman.© Sony Pictures Releasing France
Kate Beckinsale dans Total Recall de Len Wiseman.
Colin Farrell et Jessica Biel dans Total Recall.
Colin Farrell et Kate Beckinsaledans Total Recall de Len Wiseman.
Colin Farrell dans Total Recall de Len Wiseman.
Kate Beckinsale dans Total Recall de Len Wiseman.
Colin Farrell et Jessica Biel dans Total Recall de Len Wiseman.
Colin Farrell dans Total Recall de Len Wiseman.
Colin Farrell dans Total Recall de Len Wiseman.
Colin Farrell dans Total Recall de Len Wiseman.
Colin Farrell dans Total Recall de Len Wiseman.
Colin Farrell dans Total Recall de Len Wiseman.
Kate Beckinsale dans Total Recall de Len Wiseman.
Colin Farrell dans Total Recall de Len Wiseman.
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La débâcle était attendue et inévitable. Précédé d'une presse plus que réservée, le remake de Total Recall par Len Wiseman avec Colin Farrell, Jessica Biel et Kate Beckinsale a été laminé par les critiques américaines avant d'être battu à plate couture par The Dark Knight Rises, l'autre penchant du blockbuster, torturé et adulte. Calibré pour attirer la haine des cinéphiles, plombé par le film culte de Paul Verhoeven avec Schwarzenegger et sorti dans le creux de l'été, ce film de science-fiction de comptoir est condamné à recevoir une pluie de critiques assassines, postées face à l'industrie hollywoodienne pour en cibler les failles les plus évidentes. Pourtant, Total Recall est loin d'être le pire symptôme des faiblesses du système et prouve une nouvelle fois que les médias ne choisissent pas leurs victimes au hasard.

Pop-corn à vendre

La teneur de cette nouvelle adaptation de Souvenirs à vendre de Philip K. Dick était claire. En choisissant Len Wiseman (Underworld, Die Hard 4 : Retour en enfer) pour succéder au subversif Paul Verhoeven, le studio Sony annonçait la couleur d'un blockbuster calibré pour la masse - ce que Jessica Biel et Kate Beckinsale ont confirmé par la suite. Aussi intéressant soit-il, Colin Farrell trimbale pour sa part un certain nombre de casseroles filmiques qui laissent penser que sa place dans la peau du héros n'appelle pas le consensus.

Mais alors que les critiques cédent aux mauvaises pirouettes littéraires sur ce film d'action qui "ne restera pas dans les mémoires", il est bon de rappeler que la machine hollywoodienne n'est plus la même depuis que Paul Verhoeven a réalisé le film culte avec Arnold Schwarzenegger et Sharon Stone. À l'époque, RoboCop (1987) a chamboulé le système et le réalisateur hollandais était en train de devenir le nouveau roi du film d'action. Personnellement choisi et défendu par la superstar Schwarzenegger, Verhoeven a enchaîné les scènes ultra-violentes - bras coupés, poitrines explosées, bouclier humain, balles tirées à bout portant. Après un premier montage extrême qui écope d'un X Rating (interdiction aux moins de 17 ans) impensable, les scènes d'action sont charcutées et Total Recall est ouvert aux mineurs accompagnés d'adultes.

À l'heure actuelle, une telle situation est impossible. Les studios fuient les interdictions comme la peste et comptent sur les adolescents pour remplir leurs caisses. Le nombre de films abandonnés à cause de ces problèmes ne se comptent plus - Bioshock et Les Montagnes hallucinées ont été lâchés par les studios lorsque les réalisateurs ont refusé de revoir leurs ambitions. L'industrie hollywoodienne est en crise et chaque élément susceptible de nuir au box-office est un ennemi inacceptable, surtout lorsqu'il est question de plusieurs centaines de millions de dollars. En l'occurrence, le budget impressionnant - mais pas colossal - de Total Recall est autant un poids qu'une bénédiction, lui permettant d'accumuler les effets spéciaux tout en bloquant la violence à l'écran. Et Colin Farrell est le premier à comprendre le mécanisme : "Ce temps-là est révolu. Aujourd'hui, plus personne n'investirait 160 millions de dollars dans un film d'action interdit aux moins de 16 ans. Total Recall est tout public, il y a trop d'argent en jeu."

The Amazing Prometheus

Mais au-delà de cette tendance qui vampirise Hollywood depuis un certain temps, c'est l'acharnement des médias qui attire l'attention. Pas que Total Recall ne soit pas bête, simpliste, bruyant et répétitif, puisque Len Wiseman embrasse totalement ces critiques. Mais curieusement, la presse semble avoir retrouvé la voix de la raison qu'elle avait perdu à la sortie de The Amazing Spider-Man, come-back improbable du super-héros. Plus absurde encore que le remake d'un film culte sorti il y a deux décennies, ce reboot de l'homme-araignée a été conçu dix ans à peine après le premier film réalisé par Sam Raimi. Une vaste plaisanterie proche de l'insulte qui a pourtant échappé au massacre sur la place publique. Non seulement le film s'est payé les couvertures des magazines de cinéma les plus populaires, mais il a récolté une pluie de critiques respectueuses et cordiales - ce qui n'est probablement pas sans rapport avec la promotion colossale et les nombreuses interviews accordées. Et si la comparaison entre Total Recall et The Amazing Spider-Man ne vole pas très haut, il est clair que les deux films méritent la même haine. En ça, le film de Len Wiseman écope du même traitement que Battleship, un film honteusement bête et fun qui s'est planté.

Autre preuve éloquente de la condamnation facile de Total Recall : Prometheus. Camouflée derrière le nom de Ridley Scott et ses acteurs respectables, cette série B absolument risible a elle-aussi recueilli bon nombre de critiques positives, à peine entâchées par l'autre moitié de la presse, plus nuancée. Pourtant, ce remake-prequel-reboot emprunte les mêmes obscurs chemin pour redynamiser une franchise endormie en la pliant au modèle contemporain. Et le spectateur peut difficilement louper les nombreux ratés du scénario - les incohérences des personnages, les scènes d'action spectaculaires mais inutiles, les questionnements foireux sans réponse et le traitement absurde de l'alien. Avec le recul, Prometheus est non seulement aussi bête que Total Recall, mais il a en plus l'audace de se cacher derrière un discours pseudo-métaphysique vu et revu dans toute la SF. Conçu comme un divertissement de masse, Total Recall a au moins le mérite de s'énoncer comme tel, quitte à revoir ses ambitions à la baisse.

Game over

Remettons les pendules à l'heure. Total Recall est bien un nouveau symptôme des limites du système, convaincu qu'une scénario palpitant se résume à une interminable course-poursuite ponctuée de fusillades et de belles plantes en décors numériques. Bien moins amusant que le premier film, ce remake est aussi plus lisse, évacuant tous les doutes sur la réalité et l'identité du héros.

Échappé de la photocopieuse d'un studio, Total Recall n'est ni plus ni moins qu'un simple divertissement bruyant et sans personnalité, boosté par une sympathique mise à jour des décors de Blade Runner (1982) et Minority Report (2002). Mais parmi la volée de blockbusters peu inspirés sortis cet été, s'user à descendre celui-ci est clairement inutile. Car si Total Recall est voué à ne pas rencontrer le succès escompté en salles, il est bon de rappeler que The Amazing Spider-Man a récolté 678 millions de dollars dans le monde et qu'il aura droit à une suite, tout comme Prometheus, Men In Black III ou encore La Planète des singes : Les Origines. Un futur bien plus inquiétant que le présent Total Recall.

Total Recall, en salles le 15 août.

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