A la fin du journal de 20 heures de France 2, interrogée sur d'éventuels pronostics pour la soirée des Victoires de la Musique, Nolwenn Leroy, au côté de la maîtresse de cérémonie Alessandra Sublet, commençait, en bonne Bretonne, par regretter l'absence de nomination de Miossec et son sublime album, avant de miser sur une première Victoire d'Hubert-Félix Thiéfaine.
Ce n'est pas la première, mais ses deux premières Victoires qu'Hubert-Félix Thiéfaine a eu le bonheur de soulever samedi 3 mars 2011, sur le plateau du Palais des Congrès de Paris. Après avoir interprété en direct Ruelle des morts, extrait de son album platiné au titre nietzschéen et déjà lauréat du Grand prix de la chanson française de la SACEM, Suppléments de mensonge, le rockeur de 63 ans recevait la première Victoire de sa carrière longue d'une quarantaine d'années, pour l'Album de chansons de l'année, au détriment de Ilo Veyou de Camille, Ring n'Roll de Catherine Ringer et Blonde de Coeur de Pirate. Et de savourer d'avoir les projecteurs braqués sur lui, pour une fois : "Je suis un peu long, mais j'en profite, j'ai les caméras sur ma tronche, j'ai passé trente ans derrière." Tout en réaffirmant son côté sombre et taiseux : "C'est délicat de parler de ses chansons quand on écrit des chansons pour ne pas avoir à parler."
Appelé pour la seconde fois de la soirée, Hubert-Félix Thiéfaine se levait de son siège et gagnait le plateau avec un stoïcisme apparent, accueilli par une Alessandra Sublet en mode groupie. Triomphant dans la catégorie de l'Artiste masculin de l'année aux dépens de Julien Clerc, Thomas Dutronc et Benjamin Biolay, il s'attirait une nouvelle ovation avec une réaction de grande élégance et presque aux allures d'autoportrait : "Je vais être court. Jules Renard a écrit : il y a des moments où tout réussit, ne vous effrayez pas, ça passe. Je suis un peu désolé d'étaler ma culture, mais j'avoue que c'est une citation que j'ai trouvée au soir de Noël dans une papillote."