Viols dans le ski : Claudine Emonet brise une nouvelle omerta
Publié le 17 février 2020 à 17:35
Par Sarah K.
Les jours passent et les masques tombent. De nouvelles femmes brisent le silence quotidiennement, dévoilant comment les agressions sexuelles gangrènent le sport à tous les niveaux.
Photo de Claudine Emonet Photo de Claudine Emonet© Facebook, claudine emonet
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C'est d'abord sur Facebook qu'elle s'est exprimée. Un secret vieux de 40 ans. Puis, Le Parisien s'est intéressé à son propos. Claudine Emonet a enfin brisé une autre omerta, celle des agressions sexuelles dans le monde du ski. Elle raconte son histoire, qui s'est produite "à la fin des années 70 et début des années 80". "Un fardeau" dont elle s'est délestée et qui, elle l'espère, permettra à d'autres victimes de témoigner.

Aujourd'hui âgée de 58 ans, l'ancienne skieuse olympique, qui est montée par deux fois sur le podium lors d'une Coupe du monde, raconte son déclic. D'abord le témoignage de Sarah Abitbol et de deux autres patineuses artistiques qui ont raconté les viols qu'elles avaient subis, puis les paroles du skieur alpin Jean-Claude Killy lors du 7e festival Sport, littérature et cinéma qui abordaient le viol dans ce milieu, un "passage obligé pour les jeunes femmes piégées". Et puis, le courage de Cathy Gonseth, son ancienne coéquipière, qui dénonce leur entraîneur. "On s'est appelé. On s'est dit qu'on devait faire quelque chose, même si les faits étaient prescrits." À l'époque, elle avait à peine 18 ans, "une vraie gamine", et son entraîneur s'arrange pour se retrouver seul avec elle dans la voiture où se passent les attouchements.

Maintenant, Claudine Emonet et Cathy Gonseth veulent changer les choses, "lutter, prévenir". "Il doit d'abord y avoir une prise de conscience de l'ampleur du problème. Il est indispensable que les jeunes sachent que ça peut arriver, mais qu'ils ne doivent pas être soumis. Il faut mettre en place des choses pour qu'ils puissent tout de suite en parler. Il faut faire peur aux pervers", rappelle la skieuse. Son attention est pointée sur les victimes, "qui n'ont pas encore parlé".

"C'est tellement lourd à porter. Et pendant ce temps-là, l'agresseur, lui, vit tranquille. Quelque chose ne va pas. On voudrait que cela serve aux autres, à libérer la parole de celles et ceux, car il n'y a pas que des filles, qui sont victimes et qui n'ont pas encore parlé. On veut les aider à porter ce fardeau. C'est un énorme fléau. Le monde du ski doit se rendre compte que ce problème existe, qu'il n'est pas épargné. Non, tout ne va pas bien dans notre sport. Et rien ou presque n'est fait pour lutter, prévenir."

Quant à son agresseur, elle refuse de le nommer, de peur d'être attaquée en diffamation, "ce serait l'horreur". "Je ne veux plus le voir, plus l'entendre", dit Claudine Emonet. "Il m'a pourri ma vie. Nous, les victimes, on en prend pour perpète, on souffre, et pour lui, pour eux, les mecs (les agresseurs), tout va bien."

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