Wimbledon 2012 : Gilles Simon déclare la guerre des sexes et provoque un tollé
Publié le 28 juin 2012 à 12:00
Par Benoit Z.
Gilles Simon le 30 mai 2012 à Paris Gilles Simon le 30 mai 2012 à Paris© Abaca
Marion Bartoli le 25 mai 2012 à Paris
Gilles Simon le 21 mai 2012 à Nice
Marion Bartoli le 30 mai 2012 à Paris
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Gilles Simon se souviendra longtemps de son Wimbledon 2012...

Le Français, 13e à l'ATP, a en effet été élu au conseil des joueurs, chargé de représenter les 50 premiers joueurs mondiaux, le même qui menaçait de faire grève à Roland-Garros. Et ses premières déclarations n'ont pas tardé à susciter la polémique. Car Gilles Simon s'est fendu d'une petite diatribe à l'encontre des femmes, reprenant une vieille rengaine sur l'égalité des salaires entre les hommes et les femmes.

"L'égalité des salaires hommes-femmes ne marche pas dans le sport. Dans le tennis, on est les seuls à pratiquer la parité dans les prize-money alors qu'on [les hommes] fournit un spectacle plus attrayant [que les femmes]. En Grand Chelem, les hommes passent deux fois plus de temps sur le court que les femmes [deux sets gagnants pour les filles, trois pour les garçons]. Est-ce que je vais m'attirer les foudres des ligues féministes ? Je m'en fous ! Si Rome est devenue un tournoi mixte, c'était pour sauver l'épreuve féminine, car je me souviens d'une finale qui avait attiré vingt spectateurs. Tu les sauves, mais toi, quand tu veux un court d'entraînement, ben y en a plus. Pas normal", s'était ainsi exprimé le joueur.

Si Gilles Simon exprime tout haut et de façon fort maladroite ce que la majorité des hommes pensent tout bas, s'il est vrai que la Women's Tennis Association (WTA) a plus de mal que l'ATP à attirer les foules et les sponsors, que les matchs masculins remplissent plus facilement les stades que ceux des femmes, il n'en reste pas moins que son argument du temps passé sur le court ne convainc pas, ou peu. Bien évidemment, les réactions n'ont pas tardé à pleuvoir... "Je me fous de ce que dit Simon, déclarait Sloane Stephens, 59e mondiale à qui l'on demandait son avis. Quand j'avais 10 ans et que j'étais ramasseuse de balles, il m'a tiré une balle dessus et ne s'est jamais excusé." Stacey Allaster, boss de la WTA, n'en pense pas moins : "A notre époque, j'ai du mal à croire qu'on puisse encore penser comme ça."

Marion Bartoli, numéro un française, rejette l'argument du temps passé sur le court : "Chacun a le droit d'avoir ses opinions. Ce n'est pas à moi de dire qui a raison ou qui a tort, chacun est libre d'exprimer ses choix et ses positions. Mais pour ma part, je trouve qu'on s'investit autant que les hommes. Les demandes physiques et l'entraînement qu'on est obligées d'accomplir au quotidien, les investissements sur le plan personnel ou sur le plan mental sont exactement les mêmes que les leurs. À partir de ce moment-là, je ne vois pas pourquoi, surtout sur un aussi petit nombre de tournois - car on ne parle que de huit événements où l'on est effectivement payées de la même façon que les hommes [dont les quatre tournois du Grand Chelem, NDLR] -, on nous enlèverait ça. Les deux tiers du temps, les hommes sont mieux payés que nous. Ça, ils l'ont déjà."

Car comme l'avance L'Équipe, si la rémunération doit venir du temps passé sur le court, que faire lorsqu'un joueur masculin se fait proprement éliminer en n'alignant que six jeux face à Roger Federer, à l'image de Fognini, quand Petzchner s'incline mais en cinq sets face à Mayer ? Le débat est ouvert, mais personne n'a réellement de solution. Sauf Alizé Cornet, qui s'est brillamment qualifiée pour le second tour. "Ce n'est pas normal qu'on soit payées comme les garçons en Grand Chelem, alors qu'on joue deux fois moins qu'eux. Je comprends que ça les agace. Il faudrait plutôt nous payer autant qu'eux sur les autres tournois où on joue tous en deux sets gagnants. Moi, je l'avoue, je préfère regarder les mecs à la télé. Mais de là à supprimer les tournois mixtes, non ! Il est fou, Gilles ou quoi ? Pourquoi pas supprimer carrément les filles, si on ne sert à rien ? On apporte un côté dramatique en plus. C'est comme les combats de boue, c'est mieux avec les filles !", argumentait la jeune Tricolore.

Et si certaines voix masculines s'élèvent pour soutenir Gilles Simon, c'est Richard Krajicek qui a ouvert les hostilités. Le Néerlandais s'était distingué par le passé sur le même sujet, alors qu'il était encore sur le circuit et encore à Wimbledon. "Quatre-vingts des cent premières mondiales ne sont que de grosses truies. J'exagère, en fait c'est soixante-quinze" déclarait-il en 1991. La belle Maria Sharapova et ses consoeurs apprécieront. Quant à Gilles Simon, il peut compter sur le soutien d'un poids lourd du petit monde de la balle jaune, Pat Cash, vainqueur en 1987 à Londres : "Elles ne font pas le même sport que nous. Tant qu'elles ne joueront pas en cinq sets, on ne pourra pas justifier cette égalité. Pourquoi est-ce qu'on les récompenserait d'être moins en forme et de jouer moins que les hommes ?"

L'ambiance risque d'être bonne dans les travées de Wimbledon...

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