Avec, Je Veux, son hymne hédoniste en forme de réquisitoire contre l'hyper-consumérisme, Zaz s'est taillé la part du lion au rayon des révélations de l'année 2010 - elle est d'ailleurs nominée pour le prix Constantin décerné vendredi soir -, et, dans la foulée, l'album éponyme (label Play On) de la Tourangelle, riche de trois très belles contributions de Raphaël, a fait sa loi au sommet des charts, rapidement consacré par un disque d'or.
Indéniablement dotée d'une voix remarquable (au sens littéral), du fait d'une fêlure, d'un vibrato et d'une diction gouilleuse qui sont l'apanage de son style "authentique", la chanteuse de 30 ans séduisait un large public et s'accaparait l'airplay, après 10 années musicales passées à sacrément bourlinguer.
Son énergie positive, son registre fédérateur et popu associé à son look gentiment punky, lui ont valu un véritable plébiscite - mais pas unanime, le matraquage et la gouaille simpliste de Je Veux en horripilant plus d'un.
Avec Le long de la route, une des chansons de son cru, on retrouve l'atmosphère conviviale et rassembleuse qui lui plaît et qui lui a réussi. Moins brut de décoffrage, musicalement plus intéressant avec son swing léger et allant, ses parties vivaces de guitare et de piano, sa pertinence mélodique, Le Long de la route, doté par ailleurs d'une écriture un peu moins caricaturale que le premier single (le contraire eut été pénible...), livre une autre des nombreuses facettes de Zaz, et rappelle, avec son esprit manouche ainsi que son bridge plein de swing, de groove, de scat, que cette âme jazzy a plus d'une couleur en bandoulière.