Biographie
- Naissance : 24 janvier 1928, Brunoy
- Décès : le 29 juillet 2007 (79 ans)
- Signe astrologique : Verseau
- Résidence : France
135 films, trois César du meilleur acteur, ce qu'aucun autre comédien n'a réalisé, Michel Serrault aura été l'un des comédiens français les plus populaires, et une personnalité si attachante qu'elle faisait l'unanimité.
Michel Lucien Serrault naît à Brunoy en Essonne (alors Seine et Oise) le 24 janvier 1928. Son père est représentant en soie, puis en carte postale, et contrôleur le soir au Théâtre de l'Ambigu Comique (détruit en 1966) à Paris, pour ajouter un peu aux maigres revenus de la famille. Durant la guerre, Michel Serrault est envoyé avec ses trois frères et soeur à Argentat, en Corrèze, où il a la révélation de la foi en devenant enfant de choeur, au point de vouloir devenir prêtre. En octobre 1942, il entre au Petit Séminaire de Conflans à Charenton-le-Pont, où il va rester deux ans. Puis son directeur spirituel lui signifie qu'il servira mieux Dieu en suivant sa véritable vocation, celle de comédien. Mais il restera toute sa vie un fervent catholique.
Au printemps 1944, Michel Serrault s'inscrit au Centre d'Art Dramatique de la Rue Blanche, et en parallèle au Conservatoire Maubel, dans le 18 ème arrondissement (devenu en 1984 le Théâtre Michel Galabru ). C'est là qu'il tombe amoureux d'une autre élève, Juanita Saint-Peyron qu'il épouse en 1958 et qui sera la femme de toute sa vie. Quand il est refusé au Conservatoire, en 1946, il ne jette pas l'éponge et trouve des contrats pour des tournées théâtrales, puis monte un spectacle de clown. A son retour du service militaire, au début des années 50, il intègre la troupe des Branquignols de Robert Dhéry en même temps qu'il s'initie au théâtre d'avant-garde, et fait de la figuration à la Comédie Française. En 1952, l'apprenti comédien fait une rencontre cruciale, celle de Jean Poiret, qu'il croise lors d'une audition que les deux débutants effectuent au Théâtre Sarah-Bernhardt. Le courant passe et les deux comédiens vont se produire comme humoristes dans les différents cabarets parisiens tout au long des années 50 et 60, avec des sketches qui font mourir de rire un public choisi. Jean Poiret en est l'auteur, et trouve en Serrault un interprète extraordinairement au diapason de son humour caustique. En 1954, Michel Serrault commence une longue carrière au cinéma, par une apparition dans Ah ! Les belles bacchantes, avec les Branquignols, et dans un petit rôle des Diaboliques d'Henri-George Clouzot. Puis il joue dans Cette sacrée gamine de Michel Boisrond avec Brigitte Bardot (1955). La carrière est lancée, on le voit dans Assassins et voleurs de Sacha Guitry (1957) et jusqu'en 2007 il va tourner dans plusieurs films par an, des comédies pour la plupart. Il retrouve ainsi les Branquignols en 1961 dans La Belle américaine (un gros succès à plus de quatre millions d'entrées), Brigitte Bardot en 1962 dans Le Repos du guerrier. Il joue pour Vadim, Molinaro, son ami Jean-Pierre Mocky , Lautner, Pinoteau, Darry Cowl quand il réalise son film, Yves Robert, De Broca, Audiard... Mais aussi pour les tâcherons de la comédie à la française. Il est un même temps un acteur régulier au théâtre de boulevard, jouant une quinzaine de pièces dans les années 50 et 60, dont plusieurs qu'il co-écrit avec son complice Jean Poiret, comme Opération Lagrelèche ou Les Grosses têtes.
Au début des années 70, Michel Serrault est donc un comédien indispensable, mais un peu considéré comme un simple comique, dans un territoire où ses semblables se nomment Francis Blanche, Darry Cowl, Michel Galabru... Mais cela va changer avec deux succès massifs, au cinéma, dans Le Viager de Pierre Tchernia (1972), où il interprète l'immortel bénéficiaire du viager, puis au Théâtre dans une nouvelle pièce de son ami Poiret, La Cage aux folles (1973).
L'interprétation en roue libre (la durée du spectacle, selon les soirs, pouvant être allongée d'une heure) des deux partenaires dans cette lecture certes un peu datée du couple homosexuel est un triomphe, qui tient l'affiche à guichet fermé des mois durant, et sera repris plus tard, par d'autres comédiens. Au cinéma, Jean Yanne fait lui aussi des millions d'entrées avec Tout le monde il est beau tout le monde il est gentil (1972), Moi y'en a vouloir des sous (1972), Les Chinois à Paris (1973), qui ont tous Serrault dans leur distribution. Il retrouve Pierre Tchernia pour Les Gaspards (1973) et La Gueule de l'autre (1979), Mocky pour Un Linceul n'a pas de poches (1974), L'Ibis rouge (1975), Le Roi des bricoleurs (1976). Il découvre Bertrand Blier qui l'invite à jouer dans Préparez vos mouchoirs (1977) et Buffet Froid (1979). La Cage aux Folles va redevenir son passeport pour la gloire quand sort le film, tiré de la pièce, en 1978. Comme la production est italienne, elle a imposé Ugo Tognazzi dans le rôle créé par Poiret, mais cet aménagement ne nuit pas à la formidable portée du film, qui engrange plus de cinq millions d'entrées en France, mais aussi huit millions aux USA où La Cage aux Folles devient le plus gros succès en langue étrangère vu aux Etats Unis durant dix ans. Il y aura un remake américain (Birdcage, 1996), un Golden Globe et le premier César du meilleur acteur pour Michel Serrault, l'inoubliable Zaza Napoli. Le succès du film entraînera deux suites, La Cage aux Folles 2 (1980) puis 3 (1985).
Mais un acteur n'est jamais tant pris au sérieux que lorsqu'il triomphe dans des rôles dramatiques, or Michel Serrault est marqué par son génie comique. Dans les années 80, il va élargir sa palette de démontrer qu'il est un immense acteur, dans Garde à vue, de Claude Miller (1981), un huis clos insoutenable avec Lino Ventura et Romy Schneider , où il joue un notable inquiétant, et qui lui rapporte à nouveau le César du meilleur acteur. Les rôles dramatiques alternent désormais avec les rôles de comédie (chez Yanne, Zidi, etc.), on le voit ainsi dans Les Fantômes du chapelier de Claude Chabrol (1982) où il joue un tueur en série, Mortelle randonnée de Claude Miller (1982) avecIsabelle Adjani où il campe un détective qui protège une meurtrière. Dans A mort l'arbitre (1983), de Mocky, il est une terrifiante ordure. Toujours avec Mocky, il interprète l'assureur muet dans Le Miraculé (1986), dernier film joué avec Jean Poiret. Avec également Jeanne Moreau au générique, ce film est un des plus gros succès du cinéaste en salles. Il retrouve Jeanne Moreau dans La Vieille qui marchait dans la mer, adapté du roman de Frédéric Dard, en 1981. Dans les années 90, il tourne à nouveau avec Mocky, Lautner, et reçoit un nouveau César, son troisième, pour son rôle unanimement célébré dans Nelly et Monsieur Arnaud le film testament de Claude Sautet (1995) avec Emmanuelle Béart.
Désormais en âge d'interpréter des grands-pères paysans, il se complaît dans ce rôle, dans Le Bonheur est dans le pré d'Etienne Chatilliez (1995), Les Enfants du Marais (1999) de Jean Becker, Une Hirondelle a fait le printemps (2001) ou Le Papillon (2002). Mais cet acteur complet excelle aussi dans des rôles percutants, comme dans Assassin(s) de Mathieu Kassovitz (1997) qui fait scandale au Festival de Cannes et écope d'une interdiction aux mineurs. Jusqu'en 2007, l'année de sa mort (le 29 juillet, dans sa maison de campagne à Vasouy dans le Calvados, d'un cancer), Michel Serrault va être présent au cinéma, à l'affiche de 135 films en tout. Après la Cage aux Folles, il ne sera revenu que deux fois au théâtre, pour jouer des classiques, L'Avare de Molière en 1986 et Knock de Jules Romain en 1992. Les deux expériences lui valent nomination au Molière du meilleur acteur, qu'il ne recevra pas, cette fois. Mais s'il était un comédien unique et respecté, Michel Serrault adorait jouer les cabotins incontrôlables lors de ses passages à la télévision, il sera même interdit d'antenne pendant quelque temps suite à son numéro improvisé avec Nagui lors d'un journal télévisé présenté par Bruno Masure, où il finira en caleçon ! Comme si l'humour et la clownerie lui servait de politesse du désespoir après le drame de sa vie, la mort de sa fille aîné Caroline (1958/1977) dans un accident de voiture. Avec Juanita, qui ne lui survivra qu'un an, il a eu une autre fille, Nathalie, née en 1962.