À presque 50 ans, Sandra Forgues a décidé qu'il était temps de s'accepter comme elle le ressentait au plus profond d'elle depuis de longues années. Pourtant, dans une première vie, elle a été un homme, mais également un athlète de très haut niveau. Médaillée d'or olympique aux Jeux d'Atlanta, aux États-Unis, elle s'appelait alors différemment et avait une vie bien rangée : "J'ai pédalé cinquante ans à côté du vélo mais, depuis 2018, j'ai enfin accepté d'être la bonne personne, celle qui vivait dans ma tête", raconte le 19 mars dernier la femme transgenre de 54 ans dans une interview accordée à Sud Ouest, avant d'ajouter : "Je m'appelais Wilfrid, j'étais un champion olympique de canoë, j'avais un bon métier, une femme, deux enfants, une grande maison avec une piscine, j'essayais de me convaincre que tout allait bien. Un déni permanent."
Un changement de vie intervenu en 2018, lorsque Sandra Forgues fait son coming out trans publiquement après des années compliquées. "En vérité, je déprimais, je me cachais : j'étais une fille", résume-t-elle aujourd'hui. Depuis son changement de sexe, l'ancienne athlète a décidé de sensibiliser le milieu du sport sur la transidentité. "Il en va de la transidentité comme de l'IVG, de l'homosexualité, on croit qu'enfin tout ça est intégré dans une société bienveillante. En réalité, rien n'est acquis", assure-t-elle à nos confrères.
Une transition qui a démarré en 2018 lorsque l'ex-médaillée olympique a confirmé son opération publiquement. "Être champion olympique, avec ce mental, m'a véritablement aidée à ce moment-là. Il a fallu trois ans pour à la fois me déconstruire, accepter de n'être plus rien au milieu de rien, puis renaître. Sans retour en arrière possible", explique Sandra Forgues, pour qui le plus compliqué a été de le dire à ses enfants : "La plus grande peur de ma vie, aucun départ aux JO ne m'a fichu une telle trouille. Ils ont mis deux ans à accepter."
Avec le temps, les choses se sont arrangées pour Sandra Forgues, qui vient d'ailleurs de devenir grand-mère, comme le précise Sud Ouest. "La transidentité concerne 0,4 % de la population, le mot est aujourd'hui entré dans le langage commun mais les tabous résistent, je perçois bien le retour de balancier. Voilà pourquoi je me raconte...", indique-t-elle pour expliquer son combat de tous les jours.