Ce mercredi 31 octobre 2018, Christophe Hondelatte recevait Sandra Forgues. Celle qui avait gagné l'or en canoë biplace aux JO de 1996, est revenue avec franchise sur sa nouvelle vie après avoir pris la décision, en septembre 2016, d'entamer sa transition. Un parcours raconté dans son livre Un jour peut-être... (Outdoor Éditions).
Alors qu'elle a entamé un processus lourd – elle a conservé le prénom Wilfrid mais en troisième position sur ses papiers grâce à des démarches auprès du tribunal de grande instance de Castres – depuis de longs mois, Sandra Forgues a confirmé sa volonté de poursuivre le changement par une opération en Thaïlande, prévue en mars 2019, pour devenir pleinement femme. "Complètement que ça tient, cette opération. D'ailleurs, je vais demander un coup de solidarité. Je lance une campagne de crowdfunding, qui pourra se transformer par la suite en fondation pour les jeunes qui n'ont pas l'argent et qui sont bloqués, parce que, aujourd'hui, en France, ce n'est pas si facile que ça, même si ça s'améliore", a-t-elle déclaré.
L'ex-sportive a également expliqué pourquoi elle allait devoir se déplacer si loin pour cette opération très attendue. "Parce que là-bas, les moeurs ont intégré la transidentité depuis très très longtemps, de nombreuses années. Beaucoup de chirurgiens se sont penchés sur la question, bien avant les Français, où chez nous nous étions des malades mentaux. Les malades mentaux, fallait les soigner de la tête avant de les soigner d'ailleurs...", a-t-elle déclaré. En France, elle affirme que le délai pour une opération de changement de sexe est "entre 4 et 5 ans" car "le nombre de chirurgiens qui font ça en France, ça tient sur les doigts d'une main" et, selon elle, "tout le monde ne fait pas du très bon travail". Elle ajoute que, dans notre pays, le suivi psychiatrique est "très lourd et très long comme si, du jour au lendemain, on se réveillait en se disant qu'il fait beau et qu'on va devenir une femme".
Depuis qu'elle lui a révélé sa transidentité, Sandra Forgues s'est séparée de sa femme et a dû affronter le plus dur : expliquer sa démarche à leurs enfants, un fils de 16 ans et une fille de 20 ans.
Thomas Montet