This isn't Paris. Ni Londres, ni Berlin, ni Hong Kong, ni Tokyo. Ni même le Miami de Will Smith, dont il s'inspire. Avec ses allures psychédéliques, ses montages pop et sa déesse brune en guise de sirène sulfureusement sexuée, le nouveau clip de Metronomy, The Bay, nous offre dans toute sa splendeur cette English Riviera à laquelle les membres du groupe du Devon emmené par le charismatique Joseph Mount sont si attachés, au point qu'elle donne son nom à leur dernier album envoûtant.
Après le jeu de dominos humains, cadavres exquis et véritable symphonie visuelle qui illustrait She wants (morceau très proche musicalement de The Bay), et la saga malicieuse des mouettes en papier mâché dans The Look, ce nouveau clip servant le troisième extrait de English Riviera fonctionne à la fois comme une série de cartes postales, voire une plaquette touristique, et comme une exposition d'influence pop art qui témoigne, si besoin était, du goût de Metronomy pour un esthétisme très reconnaissable, nourri d'architectures graphiques précises. Nul n'entre ici s'il n'est géomètre...
Détournement, symétries, synchronisations et canons, utilisation de la profondeur et superpositions en tout genre (jusqu'aux effets de sleeve facing), autant d'effets, alliés à une photographie remarquable, qui livrent une vue imprenable sur la baie de Torquay, ville balnéaire du Devon qui s'est attiré le surnom d'English Riviera (et des comparaisons avec le Sud de la France), et sur l'univers du quatuor du cru, décidément très inspiré et toujours capable de se mettre en scène judicieusement dans ses fresques. Le très pointu réalisateur David Wilson, qui a déjà officié remarquablement pour We have band (You came out) et Little Boots (Remedy), ne déroge pas à ce à quoi il nous a habitués : des compositions stylisées à l'extrême, puissantes visuellement, sensoriellement, et, du coup, intellectuellement (à vérifier sur son site officiel). Pour The Bay, il s'est ingénié à incorporer des effets d'écran simili-vintage (loupe, encadrement) qui ajoutent encore un peu plus à la dimension rétro-futuriste de l'album English Riviera.
"A la base, je voulais remaker le clip de Will Smith pour Miami, mais à Torquay, et justement, assez bizarrement, David Wilson nous a proposé quelque chose qui était exactement dans cette optique. Les grands esprits se rencontrent", a expliqué Joe Mount, se réjouissant d'avoir offert un peu de publicité à la région. A la fin de notre galerie, vous pouvez revoir, pour mieux apprécier les clins d'oeil, le clip de Miami de Will Smith, mythique, réalisé par Wayne Isham, où l'on se délectait à l'époque des jeux de zoom et des bascules de séquences via accessoires ou plans serrés.A l'image de l'album English Riviera, The Bay (tellement saisissant qu'on vous a fait une pléiade de captures d'écran pour le plaisir des yeux) se consomme encore, et encore, et encore : on y trouve toujours de l'intérêt, aussi inlassablement que les vagues caressent le tableau. En observant très attentivement, vous gagnerez peut-être un objet collector - un porte-clés du spot...
"You may have the body/But do you have the song?/Let's make this happen/Let's make this happen/And those endless beaches/That go on and on/It's magical"
Guillaume Joffroy