La douleur de perdre son fils associée à la colère du mensonge : alors que Frederic Leclerc-Imhoff a perdu la vie ce week-end, touché par un éclat d'obus alors qu'il couvrait depuis quelques jours le conflit russo-ukrainien, sa mère a eu la mauvaise surprise de voir son fils qualifié de "mercenaire engagé dans la livraison d'armes aux forces armées" par l'armée russe et l'agence de presse Tass, qui tentaient de justifier son décès.
Des allégations qui l'ont véritablement révoltée, comme elle l'a confié à BFM TV ce mardi. Saluant "l'engagement professionnel et personnel" du jeune homme "pour la démocratie, le respect humain et surtout une information libre, impartiale et honnête", elle a publié un communiqué émouvant à l'attention des fautifs russes qui "lui donnent la nausée".
"Bien sûr vous cherchez lâchement à vous dédouaner mais sachez que jamais vous ne réussirez à salir sa mémoire. Tout le monde ici connaît son engagement professionnel et personnel pour la démocratie, le respect humain et surtout une information libre, impartiale et honnête, toutes notions qui semblent bien éloignées de ce qui vous anime", a-t-elle débuté, avant de penser à toutes "les mères ukrainiennes qui pleurent leurs enfants, tous les enfants ukrainiens qui pleurent leurs parents et toutes les mères russes qui ont vu trop tôt leurs jeunes partir soldats, qui ne les reverront pas et qui se demandent pourquoi".
Un communiqué transmis par BFM TV, qui témoigne de la force d'une mère en deuil et qu'elle conclut par une promesse aux responsables de la mort de son fils : "Moi, au moins, malgré la douleur, je sais pourquoi mon fils est mort. Un jour, les véritables responsables de cette absurdité criminelle devront rendre des comptes". Digne et puissant, le message a provoqué beaucoup d'émotions dans une "rédaction en deuil", comme l'avait qualifiée Marc-Olivier Fogiel, le patron de la chaîne, ce mardi.
Racontant qu'il a prévenu lui-même la mère du journaliste du drame qui venait de se jouer, il a expliqué à quel point elle l'avait impressionnée. "Sa première réaction a été de demander comment allait Maxime Brandstaetter (l'autre journaliste sur place, ndlr) et comment allait la fixeuse (Oksana Leuta, ndlr). Elle est évidemment en larmes mais ça dit beaucoup de l'engagement, elle savait évidemment quel était le métier de son fils", a-t-il témoigné.
Maxime Brandstaetter, également blessé dans le bombardement mais hors de danger, a quant à lui publié un hommage puissant sur son propre compte Twitter : "Merci pour tous vos messages, qui nous réconfortent avec Oksana. Désolé de ne pas répondre, je n'ai pas la force de les lire en entier. Mes pensées vont vers Fred, sa famille, ses proches. C'était quelqu'un de tellement doux, attentionné. Un journaliste passionné qui était tellement fier et trouvait ça si important de raconter ce qui se passe ici. Je ne t'oublierai jamais Fred" a-t-il écrit avec émotion.