
Être sportif de haut niveau n’est pas de tout repos et demande beaucoup de sacrifices. Dans la plupart des disciplines, l’hygiène de vie doit souvent être irréprochable, tout comme la pratique du sport. Et en parlant de sport justement, en fait à haut niveau met le corps à rude épreuve. Johann Duhaupas est bien placé pour le savoir, lui qui a combattu dans la catégorie poids lourds en boxe. Aujourd’hui âgé de 44 ans, il ne se donne plus sur les rings. Mais contrairement à ce qu’il imaginait il y a encore quelques années, sa retraite débutée il y a 3 ans ne se passe pas vraiment comme prévu.
Grâce à ses combats, Johann Duhaupas a gagné plusieurs centaines de milliers d’euros. Pour avoir combattu face à Povetkin et Tony Yoka, le boxeur français aurait dû toucher près de 370 000 euros. Argent dont il n’a jamais vu la couleur à cause de son manager qui ne lui aurait jamais donné la totalité de ce qu’il a gagné : “Pour le combat contre Povetkin, j’aurais dû toucher 290 000 euros. Pour celui contre Yoka, c’était un contrat à 130 000 euros. A l’époque, j’ai touché 50 000 euros mais il m’en manque 80 000, moins les 20% du manager qui, lui, n’a pas manqué de se servir” indique-t-il au Parisien ce mardi 18 mars.
Sans citer le nom de celui contre qui il a entamé une procédure judiciaire, Johann Duhaupas dépeint une personnalité sans scrupule qui vivrait sa meilleure vie en Espagne : “Il se disait manager de boxe mais faisait aussi des affaires dans l’immobilier et autres choses. J’ai passé des jours à l’appeler, à laisser des messages pour qu’on trouve un arrangement, j’y étais prêt. Jamais il n’a répondu. En plus d’être un escroc, c’est un lâche qui se cache.”

Alors qu’il aurait pu profiter paisiblement de ses “vieux” jours après avoir fait souffrir son corps, Johann Duhaupas révèle vivre dans la précarité et cumuler deux jobs pour tenter de joindre les deux bouts : “Je sais qu’il y a pire que moi mais tout de même, c’est dur. J’ai monté mon business, une salle de boxe chez moi à Abbeville, la Punch' Fit Academy. Elle fonctionne mais ne me suffit pas pour vivre. Je ne gagne pas le smic et j’ai aussi des emprunts à rembourser. Le vendredi soir, à la fermeture, j’ai juste le temps de me changer pour aller travailler dans une boîte de nuit jusqu’à 6 heures avant de rouvrir la salle à 10 heures le week-end. Je vis dans la précarité. Ce n’est pas normal, je ne l’ai pas mérité.”
Au-delà de la fatigue physique que ce rythme lui provoque, Johann Duhaupas voit sa santé mentale décliner. “Ça me bouffe, ça me pourrit la vie. Si j’avais fait des conneries, tout claqué au casino, je ne viendrais pas me plaindre. Mais là, on parle de sommes que j’ai gagnées sur un ring en martyrisant mon corps, en prenant des coups terribles. J’ai des cicatrices partout : je ne regrette rien mais je pensais, une fois ma carrière terminée, que je pourrais en profiter, avoue-t-il. Je viens d’un milieu modeste, ouvrier, et je n’ai jamais demandé à être riche. Je veux juste profiter enfin de ma vie. J’en suis hélas réduit à prendre des médicaments pour dormir. Je suis sous anxiolytiques à fortes doses parce que, 24 heures sur 24, cette histoire tourne en boucle dans ma tête. J’en ai marre.”
Quant à savoir s’il obtiendra un jour l’argent qui lui est dû, même Johann Duhaupas n’en sait rien et laisse la justice faire son travail en espérant qu’elle lui donne raison : “C’est entre les mains de mes avocats. J’ai dû monter une cagnotte Leetchi pour les payer. Ma peur est que le gars ait tout dépensé pour s’offrir la belle vie sur mon dos pour, au final, être insolvable.” Quand lui n’attend qu’une chose : pouvoir acheter avec l’argent qu’on lui dérobé la maison de ses rêves devant laquelle il passe tous les jours…