Régulière du fameux club Blue Note de Greenwich Village (New York City), Abbey Lincoln n'y donnera plus de cette voix tant appréciée des amateurs de jazz : la chanteuse , songwritrice et actrice est décédée samedi à New York, quelques jours après avoir célébré son 80e anniversaire.
C'est en 1956 que la native de Chicago, disciple revendiquée de Billie Holliday, se révéla... dans une certaine robe qui colla à la peau de Marilyn Monroe dans Les Hommes préfèrent les blondes : c'est en effet la même création qu'Anna Marie Wooldridge, alias Abbey Lincoln - un pseudo qu'elle adopta cette année-là), portait dans le film musical The Girl can't help it, dont elle interprétait la chanson Spread the word (vidéo ci-dessus), son premier enregistrement, avec l'immense et regretté Benny Carter. Au cinéma, elle se distinguera également dans For Love of Ivy (1968), nominée aux Golden Globes pour son rôle aux côtés de Sidney Poitier et Beau Bridges - à noter que la bande originale du film était signée du jeune Quincy Jones !-, ou encore dans Mo' Better Blues, fresque jazz de Spike Lee avec Denzel Washington, Wesley Snipes et Samuel L. Jackson.
En 1960, elle prêta sa voix - et devint dès lors une militante anti-racisme active - à l'album We Insist! – Freedom Now Suite, jalon fondamental du jazz au service de la défense des droits civiques signé du fameux percussionniste Max Roach, dont elle fut ensuit l'épouse, de 1962 à 1970.
Parmi les autres grands noms du jazz avec lesquels elle collabora, on peut notamment évoquer Sonny Rollins, Eric Dolphy, Cedar Walton, Pat Metheny, Ron Carter, Miles Davis, Stan Getz... Active jusqu'au bout, Abbey Lincoln recevait en 2003 le National Endowment for the Arts (NEA) Jazz Masters Awards, et publiait encore en 2007 un nouvel album - Abbey sings Abbey.
Redécouvrez son style et sa voix tellement intenses ci-dessus, notamment avec des vidéos de son passage au jazz festival de Marciac il y a quelques années et des archives de son association avec Max Roach...
G.J.