Affaire abbé Pierre : la justice prend une décision importante
Publié le 4 février 2025 à 19:35
Suivez nous sur Google News
Par Bertrand Bielle | Journaliste
Curieux de nature, Bertrand est toujours à l’affut du moindre petit scoop. Passionné par le football, il n’est jamais bien loin du ballon rond et de toutes les actualités qui en découlent. Toutefois, l’évènementiel du showbiz ou de la politique fait également partie de ses recherches journalistiques privilégiées.
Baisers forcés, attouchements, remarques déplacées… De nombreuses personnes dénoncent depuis plusieurs mois déjà le comportement inacceptable de l’abbé Pierre, décédé en 2007. Plus le temps passe, plus le profil d’un prédateur semble mis en évidence. Mais ce mardi 4 février 2025, une décision importante a été prise.
Affaire abbé Pierre : la justice prend une décision importante
Depuis l'été dernier, l'abbé Pierre est accusé de plusieurs violences sexuelles (33 au total). 

Photo d'archives - Abbé Pierre à Esteville en Normandie. Photo par Pascal Baril/ABACAPRESS.COM Après avoir eu vent des comportements de celui qui fut l’emblème de la maison d’Emmaüs jusqu’à sa mort en 2007, la direction de l’établissement avait “commandé une enquête auprès du cabinet spécialisé Egaé, missionné pour recueillir la parole des victimes”

Photo d'archives - L'abbé Pierre, prêtre catholique français, pose chez lui à Alfortville, près de Paris, en France, en décembre 2004. Photo par Alain Gil-Gonzalez/ABACAPRESS.COM L'abbé Pierre est descendu de son piédestal, certaines mesures ayant été prises afin de ne plus mettre cette figure à la réputation ternie en avant. 

Photo d'archives datée du 8 août 1999 montrant l'humaniste français Abbé Pierre. Photo par Philippe Cortay/ABACAPRESS.COM Mais ce mardi 4 février 2025, il a été révélé par l'AFP qu'aucune enquête pénale ne sera ouverte à son encontre, les faits étant prescrits.

La Fondation Abbé Pierre décide de changer de nom après la révélation de 17 nouvelles agressions sexuelles qui auraient été commises entre les années 1950 et les années 2000. La Conférence des évêques de France (CEF), qui avait demandé à la justice d'étudier la possibilité d'une enquête, "regrette la décision du parquet", "tout en la comprenant", a-t-elle déclaré à l'AFP.

L'abbé Pierre assiste à une cérémonie sur la place du Trocadéro à ParisPhoto par Mousse/ABACAPRESS.COM
La suite après la publicité

Depuis l'été dernier, l'abbé Pierre est visé par plusieurs accusations de violences sexuelles (33 au total). Après avoir eu vent des comportements de celui qui fut l’emblème de la maison d’Emmaüs jusqu’à sa mort en 2007, la direction de l’établissement avait “commandé une enquête auprès du cabinet spécialisé Egaé, missionné pour recueillir la parole des victimes”, rappelait le Parisien le 14 janvier dernier.

L'abbé Pierre est descendu de son piédestal, certaines mesures ayant été prises afin de ne plus mettre cette figure à la réputation ternie en avant. Mais ce mardi 4 février 2025, il a été annoncé par l'AFP qu'aucune enquête pénale ne sera ouverte à son encontre, les faits étant prescrits.

La Conférence des évêques de France (CEF), qui avait demandé à la justice d'étudier la possibilité d'une enquête, "regrette la décision du parquet", "tout en la comprenant", a-t-elle déclaré à l'AFP. Elle "exprime sa proximité aux personnes victimes et redit sa détermination à agir pour que toute la vérité possible soit faite sur les actes commis par l'abbé Pierre".

La suite après la publicité

Rappelons que ces accusations d'agressions sexuelles mais aussi de viols ont été révélées dans trois rapports différents publiés depuis juillet 2024 par le cabinet Egaé, mandaté par le mouvement Emmaüs et la Fondation Abbé Pierre pour faire la lumière sur les agissements du prêtre. Le premier rapportait des témoignages de harcèlement et d'agressions sexuelles contre le défenseur inlassable des plus démunis et des mal-logés, provoquant alors une onde de choc.

A la publication du dernier rapport, mi-janvier, Emmaüs avait qualifié son fondateur de "prédateur". Parmi les nouvelles accusations figuraient un viol sur mineur et des faits concernant au moins un membre de la famille du prêtre. Les faits dénoncés s'étalent des années 1950 aux années 2000.

Pas d'enquête ouverte sur les agissements de l'abbé Pierre, pourquoi ?

Pour revenir avec davantage de détails sur l'absence d'enquête, le parquet de Paris avait fait savoir le 24 janvier dernier par courrier "que l'action publique était éteinte par le décès du mis en cause en 2007 en ce qui le concernait personnellement, et prescrite en ce qui aurait éventuellement pu concerner des non-dénonciations de faits." C'est ce qui a été révélé par le parquet à l'AFP ce mardi.

La suite après la publicité

"Une enquête judiciaire a pour objectif de rechercher si des faits pénalement répréhensibles peuvent et doivent être jugés. S'il arrive que le parquet ouvre des enquêtes sur la dénonciation de faits manifestement prescrits au préjudice de mineurs, comme y a par ailleurs incité une circulaire ministérielle, c'est afin de rechercher si d'autres mineurs auraient par la suite été victimes de faits similaires. Si ces faits plus récents s'avèrent non prescrits, le parquet peut alors engager des poursuites contre le mis en cause pour l'ensemble des faits. Ce n'est évidemment pas le cas lorsque celui-ci est décédé", a également précise le parquet.

La non-dénonciation d'infractions, un délit distinct, "a pour objectif de s'assurer que, tant que la victime est dans l'incapacité d'agir par elle-même, les personnes ayant connaissance des faits empêchent qu'ils se reproduisent, et permettent qu'ils soient jugés.", développe le ministère public. Mais, "l'analyse des trois rapports d'Egae n'a pas permis de révéler la situation de victimes pour lesquelles la commission d'une éventuelle non-dénonciation serait encore susceptible de poursuites", apprend-on.

Pour la ministre de l'Egalité entre les femmes et les hommes Aurore Bergé, "le sinistre cas Abbé Pierre démontre une nouvelle fois combien la prescription empêche les enfants devenus adultes" d'avoir droit à "l'accès à la justice". "C'est tout l'enjeu de la proposition de loi - que j'ai déposée et que je défends - qui permet d'instaurer l'imprescriptibilité civile des violences et agressions sexuelles commises sur des mineurs", ajoute-t-elle sur X.

La suite après la publicité

Un point désormais sur les mesures prises afin de ne plus mettre en avant l'abbé Pierre : la Fondation Abbé Pierre, que le prêtre avait créée avec des proches en 1987 pour lutter contre le mal-logement, a pour rappel officiellement changé de nom le 25 janvier pour devenir la "Fondation pour le Logement des Défavorisés". De son côté, Emmaüs France, poids lourd de l'aide aux plus précaires fondé en 1949, a fermé définitivement le lieu de mémoire dédié au prêtre, à Esteville (Seine-Maritime), recommandé à ses structures adhérentes d'ôter tous les visuels le représentant et retiré de son logo la mention à l'abbé Pierre, son fondateur.

Mots clés
Photo People People France Justice
Tendances
Voir tous les people
Sur le même thème
Les articles similaires
Dernières actualités
Dernières news