
Jusqu'à il y a encore quelques semaines, l'abbé Pierre avait fait parler de lui pour son engagement envers les personnes défavorisées, les sans-abris et toutes celles dans le besoin. Malgré sa mort survenue en janvier 2007, tous ceux qui l'ont côtoyé et ont eu affaire à lui avaient pour mission de continuer son combat. Mais ce portrait de héros en a récemment pris un coup.
Il y a quelques mois, un rapport commandé par Emmaüs international a révélé le pire : l'abbé Pierre aurait commis des agressions sexuelles et violences sur plusieurs femmes, certaines mineures au moment des faits, durant plus de 30 ans. Les témoignages se sont multipliés depuis et ces accusations ne sont pas sans conséquence. La Fondation Abbé Pierre a annoncé avoir initié des démarches pour changer de nom. La fermeture définitive du lieu de mémoire dédié à l'abbé Pierre à Esteville en Seine-Maritime devrait également être opérée. Les noms, rues et autres espaces publics portant le nom de l'abbé Pierre pourraient bien être remplacés.
En novembre 2023, Frédéric Tellier présentait dans les salles obscures son film L'Abbé Pierre - Une vie de combats, porté par Benjamin Lavernhe et Emmanuelle Bercot. Présenté à Cannes, le film était promis à un bel avenir et toute l'équipe ne s'attendait sûrement pas que quelqu'un mois plus tard, le héros à qui elle rend hommage tombe de son piédestal.

Frédéric Tellier a brisé le silence auprès de Télérama sur le sujet : "Quand nous avions évoqué ce projet avec mon producteur, nous nous sommes dit que nous allions faire un film sur un sujet fédérateur et qui fait du bien. Il nous a donc fallu du temps pour sortir de l'état de sidération. J'ai passé cinq ans à faire ce film, à voir mes enfants grandir, les emmener à la Fondation Abbé Pierre, leur offrir des bandes-dessinées sur lui. Je me sens comme une victime collatérale un peu lointaine."
Si les accusations n'auront pas d'influence sur les entrées au cinéma, le film n'étant plus à l'affiche, des chaînes ont acheté les droits de diffusion. Reste à savoir si le projet de le dévoiler à l'antenne est toujours d'actualité. Si la logique voudrait qu'elle n'ait pas lieu, elle pourrait bien être maintenue. C'est ce que l'on apprend dans les colonnes du Parisien de ce mercredi 25 septembre. Mais si tel était le cas, des conditions seraient à respecter. Le directeur cinéma de France Télévisions Manuel Alduy les a évoquées : "On réfléchit à plusieurs possibilités. On peut diffuser le long-métrage en dehors de la caisse du prime time, l'accompagner d'un débat ou d'un documentaire pour le contextualiser." A l'heure actuelle, rien est décidé.