

Bruno Gaccio a été espionné par l'ex-responsable de la sécurité de la chaîne Canal+, Gilles Kaehlin, son adjoint Gilbert Bordelli et l'homme de main Pierre Martinet.
Le procès se tient actuellement à la 17e chambre correctionnel de Paris. La responsabilité de la chaîne en tant que personne morale est engagée. Le procureur Anne de Fontette a demandé jeudi, selon l'AFP, de lourdes peines contre les accusés.
Pour la chaîne, une amende de 500 000 euros a été requise, responsable selon le parquet de l'espionnage dont a été victime Bruno Gaccio au début des années 2000. C'est "pour le compte et pour l'intérêt" de la chaîne cryptée que les cinq autres prévenus de cette affaire d'une "gravité extrême" ont opéré, a déclaré Anne de Fontette. "Peut-on imaginer que MM. Kaehlin et Borelli aient imaginé seuls, dans leurs petites têtes de voyous", de constituer un dossier sur M. Gaccio ? À l'époque, le créateur des Guignols de l'info avait pris la tête d'une forme de rébellion contre le limogeage de Pierre Lescure en 2002. Il serait devenu gênant.
L'affaire a éclaté en 2005 quand dans un livre - Service Action : un agent sort de l'ombre - Pierre Martinet raconte comment il a espionné et filé Bruno Gaccio à la demande de Gilles Kaehlin et de son adjoint Gilbert Bordelli. Le parquet a demandé la peine maximale à l'encontre de M. Kaehlin, soit un an de prison, 45 000 euros d'amende et cinq ans d'interdiction des droits civiques. À l'encontre de son adjoint M. Bordelli, trois ans de prison, dont deux avec sursis, une amende de 30 000 euros et cinq ans d'interdiction des droits civiques.
Pierre Martinet, ancien agent de la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE) qui a passé 17 mois au sein du service de sécurité de Canal+, est considéré selon la procédure comme un "justicier repenti et exécuteur de basses oeuvres". Le Parquet demande une peine de deux ans de prison avec sursis, 20 000 euros d'amende et deux ans d'interdiction des droits civiques. Ces deux anciens cadres de la chaîne "n'ont eu de cesse pendant l'instruction, contre toute évidence, de se désengager de cette barbouzerie", a déclaré le procureur. Ils ont été jusqu'à imaginer piéger Bruno Gaccio en planquant de la cocaïne dans son scooter ou en lui envoyant une prostituée qui aurait ensuite porté plainte pour viol.
Contre l'ancien policier et l'ex-agent de France Télécom soupçonnés d'avoir transmis au service de sécurité de la chaîne des listes d'appels du portable de Bruno Gaccio, le procureur a demandé des peines de six mois de prison et 5 000 euros d'amende.
Le procès doit se refermer ce vendredi après-midi après les plaidoiries de la défense. Le résultat sera sans doute mis en délibéré.