Canal+ et d'ex-responsables de la sécurité de la chaîne comparaissent depuis mardi devant la 17e chambre du tribunal correctionnel de Paris soupçonnés d'avoir espionné et tenté de discréditer Bruno Gaccio.
Mardi devant la cour, le papa des Guignols de l'info raconte comment, en 2002 après le limogeage de Pierre Lescure, il "a pris la tête de ce qui a été appelé une rébellion" : "On ne voulait pas que notre patron soit viré", ajoutant que "notre association visait à défendre les intérêts de Canal+".
Sur le banc des accusés, Gilles Kaehlin, ancien responsable de la sécurité de la chaîne, ou encore Pierre Martinet. Cet ancien agent de la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE) s'était reconverti dans les services de sécurité de la chaîne. Dans un livre choc paru en 2005 - Service Action : un agent sort de l'ombre - il racontait comment il avait espionné et filé Bruno Gaccio à la demande de Kaehlin et de son adjoint Gilbert Borelli qui comparait également.
Bruno Gaccio n'en revient toujours pas : "Des gens s'en sont pris à moi et à ma famille dans des conditions indignes." Quand il a découvert les éléments ayant résulté de cette surveillance, Bruno Gaccio est "tombé de [sa chaise]", "choqué". Au tribunal, il a raconté : "Quand on arrivait le matin, on faisait coucou à la caméra de surveillance pour dire bonjour à Gilles Kaehlin ; au téléphone, on disait 'Bonjour, Gilles' parce qu'on se racontait qu'on était sur écoute. C'était une légende. Et puis c'était vrai." Parmi les accusés, un ancien policier et un ancien agent de France Télécom soupçonnés d'avoir transmis au service de sécurité de Canal+ des listes d'appels du portable de Bruno Gaccio, ce qu'on appelle les fameuses fadettes !
Pierre Martinet, interrogé mardi après-midi, n'avait rien dit à l'époque parce qu'il "avait l'impression de faire partie intégrante d'un mouvement policier" : "Ce séjour de dix-sept mois à Canal+ a été pitoyable. Je me suis retrouvé à faire les poubelles d'une personnalité qui n'était pas du tout un terroriste."
Bruno Gaccio a l'intention d'assister à tous les débats de ce procès qui se tiendra en quatre après-midi depuis hier et jusqu'à vendredi. Son avocat Me Hervé Temime a déclaré à l'AFP que "même si ce dossier concerne une époque troublée et révolue de la chaîne", Bruno Gaccio considère que "ce procès doit avoir valeur d'exemple". "Les faits dont a été victime Bruno Gaccio sont très graves. Ils sont d'autant plus inadmissibles qu'ils ont eu lieu au sein d'une entreprise incarnant la liberté, et que les moyens utilisés pour lui nuire font froid dans le dos". L'avocat fait référence ici aux pièges élaborés pour piéger Gaccio décrit dans le livre de Pierre Martinet : la sécurité de Canal+ aurait envisagé de cacher de la cocaïne dans son scooter ou d'engager une prostituée qui l'aurait ensuite accusé de viol... rien que ça ! Aucun de ces scénarios n'a heureusement été mis en oeuvre.
Bruno Gaccio veut "savoir aujourd'hui si les faits dénoncés par M. Martinet son réels". L'avocat de M. Kaehlin, qui sera entendu ce mercredi après-midi, les a taxés d'"affabulations". la décision du tribunal sera certainement mise en délibéré.