Ce qui s'est passé le 14 mai dans la suite 2806 du Sofitel de Manhattan, Dominique Strauss-Kahn en "donne" une version dans un livre de Michel Taubmann intitulé Affaires DSK : la contre-enquête. Ce qui s'est passé dans l'hôtel, après l'agression supposée et dénoncée par la femme de chambre, Nafissatou Diallo, est sur les bandes des caméras de vidéos surveillances de l'hôtel. Pour l'heure, seuls les journalistes Edward Jay Epstein, auteur d'une enquête trés critiquée dans la New York Review of Books, et Michel Taubmann avaient pu les voir. BFMTV vient d'en diffuser les moments-clés : ce qu'on y découvre... de nouvelles zones d'ombre !
Première chose à savoir, il n'y a pas de caméras de surveillance en étage. Aussi, les bandes ne montrent-elles que les couloirs de service du Sofitel et sa réception. On ne verra pas les images de Nafissatou Diallo sortir de la chambre 2806. Ce qu'on y voit en revanche, c'est un DSK, visiblement serein se rendre à la réception à 12h27 pour régler sa note. Il est supposé avoir agressé la femme de chambre 20 minutes plus tôt. Quelques minutes plus tard, il est à l'extérieur et loupe un premier taxi. L'ancien directeur général du FMI ne montre aucun signe d'impatience, il téléphone à sa fille puis monte dans un second taxi la rejoindre pour déjeuner. Le patron de la police de New York avait évoqué un DSK en fuite, etc...
La danse de la joie
Autre passage intéressant : il est 12h51 quand Nafissatou Diallo, accompagnée par l'une de ses responsables et Derrick May, un agent de la sécurité, sort de l'ascenseur et arrive à la réception. À 12h53, Brian Yearwood, ingénieur en charge de la vidéosurveillance de l'hôtel, sort de l'ascenseur à son tour. Une minute plus tard, Yearwood et May retrouvent dans un couloir de service, face à un box de sécurité, Nafissatou Diallo et sa responsable. La femme de chambre est assise et calme. Elle attend huit minutes avant de donner son témoignage, un troisième homme, Adrian Brunch, qui l'écoute depuis le box... un homme qu'on distinguera, mais qu'on ne verra jamais à l'écran. Elle est agitée et volubile, surtout quand elle mime la scène de la "prétendue agression" puis elle se retrouve à nouveau seule, comme délaissée par les autres membres du personnel. À 13h33, Adrian Brunch prévient la police.
Après le coup de fil à la police, Derrick May et Brian Yearwood vont s'isoler. Ils se parlent puis explosent de joie, se sautent dans les bras. Derrick May et son comparse réalisent quelques pas de danse. Une séquence de 12 secondes selon BFMTV. La direction de l'hôtel justifie cette danse euphorique par de bons résultats sportifs, mais la voix off précise qu'aucune grande rencontre ne s'est terminée à cette heure-là outre-Atlantique...
Sur le plateau de BFMTV, les deux journalistes restent d'une prudence absolue face à ces images qui "ne prouvent rien". Michel Taubmann est présent et continue de défendre sa thèse du piège. Il rappelle que l'on ne voit pas DSK fuir, ni la supposée victime souffrir ou montrer des signes de choc. Reste cette danse de la joie particulièrement énigmatique...
Le groupe Accor, propriétaire du Sofitel, a fait savoir à la chaîne d'infos française que "l'idée que ces vidéos établissent l'implication d'Accor dans un complot est un non sens."
Dominique Strauss-Kahn s'est lui-même désolidarisé de la contre-enquête de Michel Taubmann : "Face à la multiplication récente d'interprétations d'événements me concernant, je tiens à affirmer que je ne suis engagé, ni par les écrits ni par les déclarations ou témoignages de quiconque, souvent inexacts", écrit l'ex-espoir présidentiel socialiste. Un détachement comme pour signifier que Taubmann n'est pas un ami. Alors, bien sûr, si Taubmann ne cherche pas à défendre un ami, son travail de journaliste est forcément plus crédible. Mouais...
Affaires DSK : la contre-enquête (Editions du Moment) est attendu demain jeudi 8 décembre en librairie.