Si l'ouverture du 77e Festival de Cannes a été marquée par une montée des marches tonitruante avec la présence d'Omar Sy, bravant les interdits de l'événement, et Iris Mittenaere, fraîchement célibataire (du moins officiellement) retrouvant son ex Kev Adams, Agnès Jaoui n'était pas loin. La comédienne de 59 ans venait quant à elle présenter pour la Quinzaine des réalisateurs, Ma vie Ma gueule, dernier film de Sophie Fillières qui n'aurait jamais vu le jour sans un coup de pouce de ses enfants, impliqués dans le montage du film selon ses dernières volontés. Sophie Fillières a été emportée par un cancer le 31 juillet dernier, laissant donc sa progéniture assurer la suite pour ce film qui voulait tant dire pour elle et qu'elle n'aura pas eu le temps de mener à terme.
Cette perte, Agnès Jaoui, qui tient le premier rôle dans cette comédie dramatique aux côtés de Philippe Katerine et Edouard Sulpice, entre autres, a ravivé des souvenirs douloureux chez elle. Il faut dire qu'il y a trois ans, en janvier 2021 plus exactement, Agnès Jaoui perdait l'un des plus grands complices de sa vie : Jean-Pierre Bacri. Après avoir partagé 25 ans de leur vie en tant qu'amoureux, c'est sur le chemin de l'amitié que leur relation a finalement évolué. Et professionnellement parlant, les deux avançaient très régulièrement ensemble. Jusqu'à la mort de l'acteur, mythique dans Le Sens de la fête, l'un de ses derniers films, et dans tant d'autres.
Les deuils, Agnès Jaoui y est donc tristement habituée. Mais ce n'est pas pour autant qu'elle arrive à les maîtriser comme elle l'a fait savoir dans une interview accordée au site de Madame Figaro : "Les morts nous accompagnent. C'est le cas, je crois, pour tous ceux qui traversent des deuils. En tout cas, pour moi, c'est comme ça que ça se passe : il y a des moments de gouffre, des moments où je touche ma douleur à vif, et d'autres où ce sont comme des présences bienveillantes."
Agnès Jaoui concède toutefois que malgré sa magnifique rencontre avec Sophie Fillières, la douleur de la perte n'est pas comparable avec celle qu'elle a pu ressentir à la mort de Jean-Pierre Bacri : "C'était complètement autre chose avec Sophie, que je connaissais depuis peu : même si nous avons eu une rencontre foudroyante, un vrai coup de foudre amical, elle n'a pas accompagné ma vie." Malgré son absence, Agnès Jaoui ressent toutefois la présence de Sophie Fillières, ce qui l'empêche de s'effondrer : "Pour l'instant, je suis dans une sorte de déni : j'ai l'impression que Sophie est là, qu'elle sera là. Que tout va bien. [...] Sa présence est peut-être une protection. Peut-être que je m'écroulerai, mais j'ai juste envie de profiter de la projection de son film, à laquelle elle a droit. Car par ailleurs, j'ai découvert qu'elle n'avait jamais eu de film sélectionné à Cannes, ce qui me paraît fou vu la cinéaste qu'elle était."
Le fait que Ma vie, ma gueule ait vu le jour est le fruit d'un travail d'équipe et surtout de l'implication des enfants de la réalisatrice, Agathe et Adam Bonitzer, à qui elle a demandé en guise de dernière volonté de terminer le montage de son film : "On a tous été soudés pour qu'il aboutisse, de la productrice à ses enfants qui ont fini le montage, son équipe, son chef opérateur, tous ses amis. Sophie était très aimée, très estimée" précise Agnès Jaoui. La présence de son film au festival de Cannes en est la meilleure des preuves...