Grand ordinateur de la principauté, dépositaire scrupuleux de la mémoire de parents fameux (un bâtisseur, Rainier III, et une étoile hollywoodienne, Grace Kelly), activiste environnemental de premier plan, et désormais père de famille, Albert II de Monaco, 57 ans, a une aptitude sidérante à être au four et au moulin - au Rocher et ailleurs.
Quelques mois après la venue au monde de ses jumeaux le prince héréditaire Jacques et la princesse Gabriella, pour laquelle il avait sensiblement chamboulé son programme officiel afin de profiter des premiers moments avec eux, de les présenter à leurs compatriotes ou encore de les faire baptiser, le souverain monégasque, qui célébrait en juillet les dix ans de son règne, jongle entre toutes les sollicitations. Les derniers jours se sont avérés, à ce titre, particulièrement chargés.
Pas de répit, suite au gala annuel de la Princess Grace Foundation - USA, organisé de manière inédite à Monaco samedi 5 septembre, dans la cour d'honneur du palais princier, à l'initiative de la princesse Charlene. Si cette dernière, qui mariait la même semaine son frère Gareth Wittstock, s'est éclipsée après avoir eu le privilège de récompenser le monstre sacré Robert Redford, son époux a depuis honoré des engagements en cascade. Le Touquet, Toronto, la Nouvelle-Zélande, l'Antarctique... Ce prince a décidément un don d'ubiquité bien précieux !
Lundi 7 septembre 2015, cet amoureux de la nature et des jardins (une facette importante des récentes rénovations du palais princier) se rendait dans le Parc des Oliviers de Roquebrune-Cap-Martin pour y découvrir une forêt... d'oeuvres d'art. Le regretté prince Rainier III était en effet à l'honneur de la 5e édition de l'exposition des "Journées de l'Art-bre", dont six des oeuvres étaient pour la première fois présentées, dans un espace dédié. En compagnie de Kawther Al Abood, présidente de l'association Futurum Monaco, Albert a eu l'occasion de poser devant le Bonhomme Déchaîné, une sculpture en fer forgé de son père. Ailleurs, c'est une sculpture de la princesse Grace réalisée par Marcos Marin qui l'attendait. Dans la soirée, il dévoilait avec le maire de Roquebrune, Patrick Cesari, le buste réalisé par Carina Ari en hommage à Karl Gerahard, chansonnier et artiste suédois. Corice Arman, dernière épouse de l'artiste Arman, et les auteurs des différentes oeuvres étaient présents pour l'accompagner dans sa visite de l'exposition, ouverte gratuitement au public jusqu'au 27 septembre.
Hasard ou coïncidence, le prince Albert II de Monaco inaugurait le même jour une autre exposition qui se tient également jusqu'au 27 septembre, au Grimaldi Forum celle-là. En une quarantaine de panneaux spectaculaires, l'installation "Escales au bout du monde" consacrée aux terres australes et antarctiques françaises à l'occasion du soixantenaire de la création le 6 août 1955 de ce territoire d'outre-mer, réalisée par Bruno Marie et Stéphanie Légeron, propose une immersion dans ces territoires lointains et méconnus, cruciaux dans l'équilibre du monde mais aujourd'hui menacés. Le souverain monégasque s'était rendu en Antarctique en 2009 pour constater les dégâts du réchauffement climatique, et a depuis appelé à plusieurs reprises à l'action. En juin, Monaco accueillait une réunion d'experts pour élaborer un plan stratégique de sauvegarde de la biodiversité en Antarctique (Déclaration de Monaco). Particulièrement dévoué à la préservation des espaces marins au travers de sa fondation éponyme, le prince Albert II de Monaco ne pouvait manquer de passer par le Grimaldi Forum, ou Mme le préfet Cécile Pozzo di Borgo l'attendait.
S'il n'est allé au Pôle Sud que par procuration, par le truchement de cette exposition, Albert II de Monaco se trouvait bien en personne au Canada le surlendemain : mercredi 9 septembre, le souverain était à Toronto pour répondre, tandis que le Festival international de cinéma de la ville battait son plein, à la généreuse invitation de Lady Monika Bacardi. En marge du grand rendez-vous du 7e Art, la veuve de Luis del Campo Bacardi (descendant du fondateur de la société Bacardi) disparu en 2005, illustre résidente monégasque depuis plus de vingt ans et philanthrope notoire, organisait à l'hôtel Four Seasons de Toronto l'AMBI Benefit Gala – Cinema To Help The World, un gala de charité au profit de la Fondation Prince Albert II de Monaco. Fondatrice en 2013 avec le jeune producteur Andrea Iervolino de la société de production AMBI Pictures, cette passionnée d'art moderne, de photographie et de cinéma, un domaine où elle opère également en tant que mécène, pouvait se réjouir de la participation du souverain monégasque, venu spécialement pour cette soirée au profit de ses actions en faveur de l'environnement.
Autour du thème "Le cinéma venant en aide au monde", Lady Monika Bacardi avait convié de nombreuses personnalités, parmi lesquelles les acteurs de renom James Franco (AMBI Pictures produit son adaptation de Steinbeck, In Dubious Battle), Michael Madsen (bientôt à l'affiche de deux films également produits par Lady Monika et son associé, 2047 Sights of Death et Hope Lost), Danny Trejo, qui a fait mine d'affronter sur le tapis rouge l'ancien boxeur Lennox Lewis (le prince Albert s'est ensuite amusé à poser à ses côtés en brandissant les poings), ou encore la belle Mischa Barton pour cet événement animé par l'amuseur public canadien Martin Short et par la diva Diana Ross.
Le prince Albert n'a guère eu le loisir de s'attarder au Festival de Toronto et a bien vite pris l'avion du retour, car sa journée du 10 septembre était haletante. Il lui fallait notamment se déplacer à nouveau, pour son engagement le plus médiatique du jour, et se rendre au Touquet. Son Altesse Sérénissime venait inaugurer dans la fameuse station balnéaire du Nord-Pas-de-Calais, à l'invitation du Député-maire Daniel Fasquelle, la digue-promenade "Princes de Monaco", hommage rendu à ses grands-parents et à son père par cette cité littorale qui les accueillait régulièrement en vacances. Sur la plage nordiste, Albert a pris le temps, sous un réjouissant soleil, de contempler les photographies d'une exposition de Frédéric Lecomte-Dieu consacrée à la carrière cinématographique de la princesse Grace. L'actrice Brigitte Auber, qui eut le bonheur de côtoyer l'icône hollywoodienne et son partenaire Cary Grant dans le film La Main au collet d'Alfred Hitchcock, était à ses côtés pour partager quelques souvenirs. Des souvenirs, Albert s'en est fait quelques-uns de plus grâce à l'accueil très chaleureux qui lui a été réservé, entre la haie d'honneur d'écoliers brandissant drapeaux français et monégasques et la sympathique cérémonie organisée à l'Hôtel de Ville pour sa venue.
Le même jour, il avait pourtant deux autres rendez-vous, en principauté. On a pu le voir dans l'après-midi apporter son soutien, sous le chapiteau de Fontvieille, aux 1ers Internationaux de Padel de Monaco, compétition organisée par Fabrice Pastor et sa société Monte-Carlo International Sports. Alors que le Padel Master monégasque, pierre angulaire pour promouvoir ce sport en Europe, en était au stade des huitièmes de finale, le prince Albert, passionné de sports et éminent membre du comité international olympique, a pu prendre la pose auprès des tout meilleurs de cette discipline entre tennis et squash qui se pratique en double, et est reparti avec une raquette en souvenir. Le sélectionneur de l'équipe de France de football Didier Deschamps a aussi fait un saut, préfigurant sa participation le lendemain à une exhibition.
Dans la soirée, le chef d'Etat monégasque en terminait avec son marathon en prenant part au Yacht Club de Monaco à la remise des prix du Concours des Chefs qui s'est tenu dans le cadre de la 12e Monaco Classic Week. Au coeur de la manifestation dédiée aux beaux bateaux, au cours de laquelle son neveu Pierre Casiraghi s'est illustré (on l'a d'ailleurs vu sabrer le champagne... et jouer avec le sabre en clôture, le samedi 12), la gastronomie aussi avait toute sa place.
Vendredi 11, Albert II était de retour au même endroit pour une revue des unités engagées dans cette fameuse 12e édition de la Monaco Classic Week. Détendu en polo et casquette vissée sur la tête, il a pris plaisir à manoeuvrer dans le port.
Après tant d'émotions, il avait l'occasion de finir sa semaine intense, en déplacement à Toulouse, en se désaltérant au Haka Corner, premier bar néo-zélandais à ouvrir dans la Ville Rose, à quelques jours du coup d'envoi du Mondial de rugby. L'ancien glorieux international All Black Byron Kelleher, proche de la princesse Charlene, l'accompagnait. Mais pas question de faire couler la moindre bière avant d'avoir exécuté un haka néo-zélandais dans les règles de l'art. Pour le plus grand bonheur du prince Albert, impressionné.
Une folle semaine à revivre en images dans notre diaporama.
G.J.