Tout ceux qui sont nés dans la seconde moitié du XXe siècle se souviennent de la "first part of the journey" d'America, groupe starisé par le tube A Horse with no name. Mais peu ont suivi la suite du parcours atypique de Dan Peek, fondateur du groupe parti en 1977 après sept années d'un essor colossal et une poignée de hits soft rock, dont on apprend aujourd'hui le décès.
Dan Peek, qui composait avec Gerry Beckley et Dewey Bunnell, toujours en activité avec le groupe aujourd'hui, le trio originel d'America, est mort à l'âge de 60 ans, dimanche 24 juillet 2011. C'est son épouse Catherine qui l'a retrouvé mort, au lit, à leur domicile de Farmington, dans le Missouri. Le couple n'avait pas d'enfant. Hasard du calendrier, America avait prévu la sortie de son nouvel album, Back Pages, le... 26 juillet.
Tous trois chanteurs - cette harmonie vocale typique de l'époque fut à la fois leur marque de fabrique et celle de leur succès - et multi-instrumentistes, Dan Peek, Gerry Beckley et Dewey Bunnell, camarades d'école à Londres, avaient fondé America en 1969, au retour de Dan après une brève parenthèse américaine. Avec America, nom de baptême lié au fait qu'ils étaient tous trois fils de soldats de l'armée de l'air américaine stationnés en Angleterre, les trois compères connurent rapidement le succès, signant, après un premier album éponyme assez prometteur commercialement, une salve de tubes imparables : Ventura Highway (album Homecoming), Sister Golden Hair (Hearts), Lonely People (Holiday), ou encore l'incontournable A Horse with no name, morceau phare du premier album America qui détrôna le Heart of Gold de Neil Young du sommet des charts.
A l'annonce de la mort de leur ancien compagnon, qui avait quitté le groupe en 1977 et que la rumeur aurait aimé voir revenir jusqu'au bout (il avait encore nié cette éventualité en 2010), Beckley et Bunnell ont, sur le site du groupe, évoqué avec émotion leur âge d'or : "C'était une période heureuse pour tous les trois, faite d'excitation et de fous rires. Nous avons fait de la musique ensemble, une musique qui a eu une postérité, et nous avons découvert une vie que jamais nous n'aurions imaginée. Dan constitua une part prépondérante des débuts d'America, et je n'ai jamais oublié les bons moments que nous avons passés à faire de la musique et à apprendre la vie ensemble", a témoigné Bunnell. Beckley, de son côté, salue celui qui fut un "ami cher pendant des années" : "Dan et sa musix continueront à vivre au travers des superbes chansons que nous avons partagées."
Dan Peek avait choisi de quitter la formation, alors à l'apogée de sa gloire, en 1977, déterminé à embrasser une nouvelle carrière, en solo, après être revenu de l'usage des drogues récréatives et avoir ravivé sa foi chrétienne. Des années qu'il raconta dans ses mémoires An American Band et qu'il décrivit un jour comme "un conte de fées à la Cendrillon qui s'est transformé en train fou". Fuyant la course aux tubes du groupe et sa spirale auto-destructrice (drogue, alcool), le sujet est longtemps resté sensible ; il expliqua dans Goldmine magazine, à propos de cette autobiographie publiée en 2004 : "Vous l'avez dit, j'étais un consommateur assidu de drogues, d'alcool. Parfois, je me dis que j'aurais préféré ne jamais écrire mon autobiographie, parce que en l'écrivant, je replongeais dans cette époque, et sincèrement, il y a des côté vraiment sordides quand on est dans ce milieu. et cela a fait naître une immense angoisse, un immense mal-être d'avoir été une telle personne à cette période. Et il y eut des tensions, qui allèrent empirant, entre nous trois, à force d'être ensemble 24h sur 24."
Dévoué à la composition et l'enregistrement de musique chrétienne, il devait publier dès l'année suivante, en 1978, son premier album solo, All Things Are Possible, sur Lamb & Lions Records, label de Pat Boone. Accueilli avec ferveur, ce premier album solo, premier dans les charts chrétiens (et dans le Top 10 général) et nominé aux Grammy Awards, consacra Dan Peek comme un pionnier de l'essor de la musique chrétienne, et initia une série d'albums explorant divers thèmes liturgiques. Gerry Beckley et Dewey Bunnell, avec qui Dan Peek était resté en bons termes, prêtèrent même leurs voix à certains de ses titres. L'album suivant n'eut pas le même succès, Dan peek ayant attendu cinq années pour enchaîner avec Doer of the Word (1984).
Dans les années 1990, Dan Peek avait ralenti son activité, enregistrement sporadiquement de la musique à son domicile dans les Iles Caïman, et s'associant pour plusieurs albums à Ken Marvin et Brian Gentry.
Dans sa dernière année, il postait ses compositions sur son site officiel, où on lit aujourd'hui lefaire-part de son décès, accompagné d'une vidéo YouTube de Dan interprétant son Lonely people. End of the journey, sans traversée du désert.
G.J.