Lui est un animal blessé, bluffant en traumatisé crânien, elle si parfaite à contre-emploi. Dans Bonhomme de Marion Vernoux, Nicolas Duvauchelle et Ana Girardot crèvent l'écran et nous bouleversent. Le film dépeint la vie de Piotr et Marilyn, jeune couple de la banlieue lilloise, qui va être bouleversée par un accident de voiture. Traumatisé crânien, Piotr, s'il garde son physique avantageux, n'a plus toute sa tête : tantôt matou apathique, tantôt fauve en rut à l'hypersexualité débridée. Pour Marilyn, convaincue que son amour pour lui peut le sauver, c'est le début d'une épopée menée vaille que vaille et cul par-dessus tête.
À l'occasion de la sortie en salles de Bonhomme (depuis le 29 août 2018), nous avons rencontré les deux vedettes. L'occasion pour eux de parler de la préparation de ce film complexe. "Je suis allé voir beaucoup de professeurs, de médecins, à l'hôpital de Garches où on allait avec Marion tous les jours, raconte Nicolas Duvauchelle. J'ai vu des gens à différents stades, regardé leurs exercices, je suis allé rencontrer des associations dont Laurie Leuliette [fils de traumatisé crânien, il a créé l'AFTC Nord-Pas-de-Calais (appelée Réveil), NDLR], avec qui j'ai beaucoup travaillé. J'ai regardé pas mal de vidéos de gens qu'ils avaient filmé pour essayer de reproduire au mieux comment étaient ces personnes à ce moment-là."
Un sur deux laisse son partenaire parce que c'est trop dur
Sans jamais tomber dans le mimétisme forcé, l'interprète de Piotr brille à l'écran dans la peau de traumatisé crânien soumis à ses pulsions sexuelles. Face à lui, Ana Girardot se dévoile sous un nouvel angle. "Je voulais quitter mon côté parisienne et aller trouver quelque chose d'autre", nous assure-t-elle. Pour elle, la préparation a été dans le questionnement. "Je parlais avec la personne qui l'accompagnait et le conseillait, et je lui posais des questions. J'ai appris que, pour la plupart des traumatisés crânien, homme ou femme, un sur deux laisse son partenaire parce que c'est trop dur. Je lui ai posé des questions sur les femmes qui étaient restées", dit-elle.
"Le soir, j'étais content de remettre mes affaires, c'était pas évident", embraye Nicolas sur le fait de quitter son personnage. Heureusement, l'équipe était soudée et l'ambiance très bonne. "Il y a eu des moments de doutes, mais franchement on s'est marré aussi, on va pas se mentir", reconnaît l'acteur, qui surenchérit : "Ça a été un tournage heureux, à part les quatre jours du début [référence à son clash avec Sara Forestier, NDLR], j'en garde un super souvenir." De son côté, Ana Girardot a "adoré ce tournage" et notamment la direction de Marion Vernoux, qui l'a poussée à aller loin. "Tu cherches, tu creuses. Et là, tu tombes sur ce moment qui n'appartient qu'à toi. Et ça, c'est du cinéma, et c'est pour ce genre de moment que je veux faire du cinéma", conclut la belle, fille d'Hippolyte Girardot.
Bonhomme, actuellement en salles.