Féministe et socialiste engagée dans Baron Noir, où incarne Amélie Dorendeu, Anna Mouglalis est de retour dans la saison 2 de cette création originale Canal +. Désormais, c'est en présidente de la République qu'on l'admire. "Mon éveil politique a commencé par un éveil féministe", assure l'intéressé à Paris Match, en invoquant sa mère comme formatrice, qui lui a rabâché de ne jamais être dépendante d'un homme.
"Très tôt, je me suis baladée dans le monde et j'ai eu des révoltes terribles, raconte Anna. C'était compliqué d'être une jeune femme libre et de constater qu'on ne pouvais par marcher seule la nuit sans se faire emmerder." Et de donner des détails, sans fard : "Je me suis fait casser la gueule dans la rue, je me suis pris un coup de barre de fer dans la tête, tentative de viol dans le métro...". En citant Virginie Despentes, autre figure féministe contemporaine, Anna Mouglalis dit s'être forgée sur un esprit de rébellion en décidant de rester vivante plutôt que de s'enfermer. Quitte à courir le risque de se faire agresser.
Quand j'ai su que j'attendais une fille, j'ai d'abord été attristée parce que je me suis dit que ça allait être compliqué pour elle
Militante à l'écran, elle l'est aussi à la ville, elle qui se "sent vivante comme ça". "Quand j'ai su que j'attendais une fille, j'ai d'abord été attristée parce que je me suis dit que ça allait être compliqué pour elle. Et puis j'ai repensé à mon enfance. Je me suis souvenue que, lorsque je voyais des films sur les cow-boys et les Indiens, je rêvais d'être une Indienne. Que lorsque j'ai vu des films sur l'Apartheid, je rêvais d'être une Black. Aujourd'hui, il faut être une femme parce que c'est là qu'il y a tout à accomplir", assure l'actrice.
Égérie Chanel, elle dit avoir souffert de son image. Sa voix rauque bien sûr ("ça m'a joué des tours dans les castings quand j'étais toute jeune") mais aujourd'hui son étiquette de bourgeoise. "Les gens pensaient que je vivais sur un yacht, passais ma vie dans un bain à remous à boire du champagne et que je n'avais plus besoin de tourner", rapporte celle qui a ensuite été vue comme "une princesse couverte de diamants". Une "image de papier glacé" pour celle qui n'est rien de tout cela, et qui refuse par ailleurs la chirurgie esthétique, évoquant "une bénédiction de vieillir". "Avant, on se disait que j'allais foutre la merde, du genre : 'Et en plus, elle pense ?' C'était considéré comme un danger. Maintenant, j'ai l'âge de ma voix, j'ai le même le droit d'être intelligente", ironise Anna Mouglalis.
Interview à retrouver en intégralité dans Paris Match, en kiosques dès le 18 janvier 2018.