Au coeur de l'hiver 2023, Antoine de Caunes postait sur son compte Instagram une photo. Comme un tableau impressionniste. Sous un ciel sombre et tourmenté, on y voyait une plage s'étendre à perte de vue jusqu'à ce qu'elle rejoigne la mer, à l'horizon. "Cinquante nuances de gris", écrivait en légende l'animateur, l'accompagnant de ce simple hashtag : Trouville.
"Elle appartenait à un vieux Trouvillais", nous apprend Antoine de Caunes, "un type absolument merveilleux qui s'appelait Marcel Joly, un ancien résistant, ancien ingénieur, qui vénérait son pays, et qui avait fait de moi son petit-fils adoptif. Il m'emmenait faire de grandes balades. Il m'apprenait à pêcher. Il me racontait l'histoire du pays..."
De ces souvenirs d'enfance, l'ancien complice de José Garcia a gardé un goût particulier pour cette région, pour la mer, pour ses couleurs. Il évoque ainsi "la lumière de toute la baie de Seine qui a été rendue célèbre par les peintres, un endroit assez unique dans lequel je retrouve toujours la même émotion."
De Caunes, nostalgique, conclut : "Quand je me promène à Trouville en fin d'après-midi, en automne, quand tous ces grands manoirs sur la mer sont fermés, j'ai l'impression d'être dans un temps où il n'y a pas de temps en fait. Le temps est aboli où il y a à la fois des fantômes qui se baladent, tous ces gens qui sont passés par là, toutes ces histoires. Comme dans un décor intact, ça me touche toujours autant aujourd'hui."
Pas étonnant que de tels sentiments l'aient incité, dès qu'il en a eu l'occasion, à devenir lui-même propriétaire d'une maison dans la commune normande. Et pas n'importe quelle maison... Loin de la petite demeure du 25 de la rue Carnot, où il allait avec ses parents, le fringant cinéaste, qui fête ses 71 ans ce 1er décembre, a investi dès le début des années 90 dans "une incroyable maison en briques roses du XIXème siècle", explique Le Journal de la Maison. La demeure est située sur la route qui part de Trouville vers Honfleur. Une voie qui débute dans la ville, en bord de mer, et qui s'élève doucement en surplombant une petite falaise.
Joint par Ouest France, le quotidien local, il y a quelques années, Antoine de Caunes -qui travaille par ailleurs dans un appartement situé au 5ème étage sans ascenseur à Paris- avait expliqué à nos confrères qu'il avait l'habitude de descendre "le chemin qui serpente depuis sa maison perchée sur les hauteurs" pour aller "se perdre dans les rues étroites des anciennes maisons de pêcheurs, abîmées par le temps". "Une ambiance incroyable, entre chiens et loups, quand il a plu...", précisait cet amoureux de la cité normande à nos confrères. Ses lieux de prédilection : la célèbre "promenade des planches", bâtie en bois exotique en 1868 afin de permettre aux premiers vacanciers balnéaires de déambuler le long de la mer sans avoir à marcher dans le sable, sans oublier un passage dans un restaurant emblématique de la commune : Les 4 chats, bistrot raffiné proposant une copieuse cuisine de marché.
Très vite, Antoine de Caunes a pris l'habitude de venir à Trouville, où sa fille Emma l'a une fois rejoint dans des conditions rocambolesques. Pour s'y ressourcer, bien sûr, pendant les week-ends et les vacances Pour y plancher sur de nouveaux projets, aussi, ainsi qu'il l'expliquait à Ouest France : "les mois où il n'y a personne dans la rue des Bains, et la plage en automne ou au printemps. C'est un endroit où je vais travailler, quand je suis en période de préparation d'un film."
Si Trouville tient une place si particulière dans son coeur, c'est aussi parce qu'il y a célébré un événement tout particulier : son mariage avec Daphné Roulier, dont il est toujours follement complice 17 ans plus tard ! C'était en 2007, dans cette même maison. Une union qui s'était soldée par un épisode digne d'un film d'action, ainsi que Libération l'avait raconté. Afin d'échapper aux photographes, les deux époux tout juste unis par le maire de Trouville avaient en effet dû "être exfiltrés de la mairie via les souterrains du Monoprix." Une aventure et un souvenir de plus dans cette ville que l'animateur-producteur est prêt à tout pour défendre...
Dès son installation sur la commune, l'animateur -qui concède aujourd'hui devoir lever le pied sur le vin blanc et le champagne- avait bataillé contre une résidence des années 70 bâtie en béton et en bois et barrant la vue du côté de Port Deauville. "Non seulement c'est d'une laideur accablante, mais c'est illégal, avait-il dénoncé dans Ouest France. Mon grand-père adoptif avait créé une association contre la construction de cet Avoriaz de la Côte fleurie. Après sept ans, il avait gagné le procès. Mais ça n'a pas suffi."
En 2006, afin de venir en aide aux salariés d'une poissonnerie de la ville qui avait été dévastée par les flammes, Antoine de Caunes avait aussi organisé une vente aux enchères qui avait permis de récolter 30 000 euros. Une oeuvre de bienfaisance, à la mesure de l'amour qu'il porte à cette ville et des souvenirs qu'il y conserve.