Les chants homophobes résonnent dans les stades de football et les remarques sur le même registre circulent dans les vestiaires. Et quand il s'agit d'évoquer ce sujet tabou, les langues se lient. Mais pas celle d'Antoine Griezmann. Depuis plusieurs années, le footballeur de 28 ans lutte ouvertement contre l'homophobie, une cause qui lui tient à coeur et qu'il défend à présent dans les colonnes de Têtu.
En couverture du numéro été 2019 du magazine, celui qui a tout récemment annoncé son départ de l'Atlético de Madrid lance un message fort : "Ça suffit !" Des mots confiés à une personne qui le connaît très bien et qui a réalisé deux documentaires sur lui : Alessandra Sublet (Antoine Griezmann : Champion du Monde est toujours disponible sur Netflix.) En préambule de la publication de l'interview, Têtu tient à apporter une précision importante : "Entre les fins de non-recevoir et les réponses gênées, Antoine Griezmann est le seul à avoir répondu immédiatement présent."
À notre époque, c'est inacceptable
Le champion du monde, sacré en Russie en juillet 2018, aimerait que les footballeurs professionnels puissent faire leur coming out, mais les barrières à faire tomber sont encore lourdes. "Sûrement par peur d'être stigmatisé, en club ou par les supporters. C'est vrai que les stades ne sont pas des endroits très accueillants pour les homosexuels. Il y a parfois des chants homophobes... À notre époque, c'est inacceptable", juge-t-il. Si un joueur se sent un jour le courage de faire ce que personne n'a encore jamais osé faire, Antoine Griezmann sera là pour le soutenir : "Je veux qu'il sache qu'il aura quelqu'un sur qui compter : moi."
Le footballeur originaire de Mâcon sait que les insultes homophobes fusent très facilement puisqu'il en a lui-même fait les frais. "Je me suis souvent fait traiter de 'pédé' depuis les tribunes, ou de 'sale blonde', quand j'avais les cheveux blonds et longs", partage-t-il, tout en sachant que cela "va être dur" de faire bouger les mentalités. Antoine Griezmann reproche le manque de sensibilisation, d'information et de soutien sur le sujet. "Jamais personne ne nous a sensibilisés. Ni en centre de formation ni en club", déplore-t-il.
Très timide et pudique, le papa de la petite Mia (3 ans) et du petit Amaro, né en avril dernier, le même jour que sa grande soeur, ne se considère en aucun cas comme un sex symbol. À la question de savoir s'il accepterait de poser nu, la réponse est sans appel : "Im-pos-si-ble !" "J'essaie de ne pas trop exhiber mon corps. Mon corps est à ma femme et à personne d'autre", défend-il.
Cette interview d'Antoine Griezmann à Têtu intervient quelques jours seulement son intervention remarquée dans le documentaire Foot et Homo : Au coeur du tabou, proposé dans Infrarouge, sur France 2, le 14 mai dernier. Dans ce format produit par Elephant et initié par Yoann Lemaire, ancien joueur amateur qui a fait son coming out, Antoine Griezmann y dénonçait l'homophobie, tout comme son entraîneur en équipe de France, Didier Deschamps. Le documentaire Foot et Homo : Au coeur du tabou est toujours disponible sur le replay de France 2.
L'intégralité de l'interview d'Antoine Griezmann est à découvrir dans Têtu, en kiosque le 22 mai 2019.