Du monde politique à celui du football, Bernard Tapie est reconnu pour être un homme d'affaires et une personnalité emblématique. Parcours atypique, énergie débordante, il a pourtant montré un aspect moins connu de ses multiples facettes lors des derniers mois de sa vie. Une relation spirituelle intense avec un homme de foi inconnu jusqu'ici. C'est avec la parution de Tapie, comme Bernard, écrit par Marie Griessinger Tapie, trois ans après son décès, qu'on a pu en apprendre plus sur cette face cachée du célèbre entrepreneur.
En 2015, bien avant ses soucis de santé, Bernard Tapie accepte que Marie Griessinger Tapie, épouse de son fils Laurent, écrive un livre sur lui, à une condition. "Il faut que tu profites d'un événement fort... Ça peut être intéressant que tu racontes comment je m'en suis sorti ou comment j'ai été ruiné, si c'est ce qui arrive...", raconte-t-elle, dans les colonnes du Journal du Dimanche. Deux ans plus tard, cet événement prend la forme d'un combat acharné contre un cancer de l'estomac.
Au cours de cette période, Bernard Tapie, autrefois connu pour ses excès et son énergie débordante, trouve une nouvelle source de force... dans la foi. Un homme, le pasteur Marcel devient alors un interlocuteur privilégié, avec qui il échange longuement chaque jour. Cette relation spirituelle, révélée par Marie dans son livre, dévoile un nouvel aspect sur les derniers moments de l'homme d'affaires décédé à 78 ans. "Nous savions que Bernard était très croyant. Mais là, nous avons découvert qu'il parlait à cet homme tous les jours, et à chaque fois très longuement", explique-t-elle.
Pour ce livre, qu'elle a pensé comme une enquête, Marie décide d'interroger directement le pasteur Marcel concernant leurs échanges. "Lorsqu'il était couché, c'était un soldat au repos, pas abattu. C'était une inspiration pour tous les malades. Prier avec lui m'a donné de la force", lui révèle-t-il. On apprend alors que Bernard Tapie transmettait ses croyances aux autres patients lors de ses séjours à l'hôpital. Il leur lit des versets bibliques, comme pour les encourager à ne jamais baisser les bras, tout en menant son propre combat, toujours avec ce caractère déterminé qui le définissait.
Et malgré cette nouvelle spiritualité, Bernard Tapie reste fidèle à lui-même : un businessman exigeant. "Je vais voir le résultat de nos prières. De cette manière, je saurai si on continue ou pas. Si vos prières sont efficaces", balance-t-il au pasteur. "J'avais une telle pression que pendant les trois jours qui ont suivi, j'ai jeûné et je n'ai pas arrêté de prier... Il avait transféré sa pression sur moi", confie-t-il. Heureusement, l'homme politique est satisfait et ne lâche rien, jusqu'au bout. Il refuse d'ailleurs les anti-douleurs, durant ses dernières semaines de souffrance. Une manière pour lui de "ressentir la souffrance de Jésus".
Dans Tapie, comme Bernard, on apprend que Bernard Tapie, malgré son calvaire, était loin de se résigner. Il n'a jamais parlé la mort auprès de sa famille, il refusait que le sujet soit évoqué. Un mal qui n'a pas aidé ses proches à faire leur deuil. "Car nous étions tous dans le déni. Rien n'avait été préparé", déplore Marie. "Peut-être aurait-il fallu en parler (...) Plusieurs semaines avant de mourir, il s'imaginait encore participer à des courses de voitures sur le circuit de Montlhéry et d'y battre un record de vitesse ! Et à quelques jours de s'éteindre, il se voyait devenir Premier ministre et même président de la République." Une chose est sûre, Bernard Tapie est resté fidèle à lui-même jusqu'à la dernière seconde.