"J'ai aimé ma mère, follement. (...) Je l'épaulais lors de ses chagrins d'amour, j'assistais, déboussolée, à ses crises de manque. J'étais parfois la mère de ma mère... Pourtant, je l'admirais plus que quiconque, je ne l'aurais à aucun moment échangée contre une autre", lit-on dans le résumé. Dans son premier livre autobiographique, Mon ciel et ma terre (éditions Fayard), Aure Atika raconte son enfance dans les années 1970 vécue auprès de sa mère, Ode Atika Bitton (décédée en 1992 des suites d'une maladie), une femme "libre" et "impulsive" qui était une soixante-huitarde bohème et passionnée, infirmière, photographe et réalisatrice.
Dans un entretien accordé au Journal du dimanche, l'actrice de 46 ans est revenue sur cette mère anticonventionnelle et rock'n'roll, passionnée de musique et de voyages, qui l'a conçue alors qu'elle était sous l'emprise du LSD. "Cela dit, ma mère n'était pas une junkie mais une femme qui, venant du Maroc, rêvait de la France de Chateaubriand. La drogue lui a donné accès au monde intellectuel de Saint-Germain-des-Prés. (...) C'était une femme libre, d'impulsions, ivre d'indicibilité, jusqu'à s'y perdre", l'a-t-elle décrite.
Même dans l'absence, l'attente et l'abandon, il y avait de l'amour
Celle qui est née d'un père inconnu et qui a eu pour baby-sitter le batteur des Who Keith Moon ou bien encore le réalisateur Philippe Garrel (père de Louis) admet avoir hérité de l'impulsivité de sa maman ainsi que "son goût de l'indépendance et des voyages". Aure Atika affirme toutefois qu'elle se démarque de son modèle en construisant une vie "solide". "Contrairement à elle, qui a vécu dans un rêve, je suis une bâtisseuse", a-t-elle confié. Preuve en est, la comédienne révélée au milieu des années 1990 dans la comédie La vérité si je mens ! est propriétaire d'un appartement parisien et d'une maison située dans le Gers, ses deux ancrages.
Mieux, Aure Atika n'a pas hérité de la curiosité de sa mère pour les drogues. "Elle a été un contre-exemple, ça m'en a dissuadée. Je me suis construite ainsi par les pleins et les creux. Même dans l'absence, l'attente et l'abandon, il y avait de l'amour", a-t-elle ajouté. Lorsque sa mère était en voyage à l'étranger, ce qui arrivait très régulièrement, Aure Atika était alors confiée à sa grand-mère. A l'école, elle était une élève concentrée et assidue, ce qui lui a permis de garder à la tête sur les épaules.
Avec la sortie de son livre dédié à sa maman disparue, elle espérait ainsi lui rendre hommage, mais surtout laisser un héritage à sa fille Angelica (15 ans cette année, née de sa relation avec le musicien Philippe Zdar). "C'est la première personne à qui je l'ai donné à lire. Elle en est à la moitié, je crois que ça lui plaît. Je voulais l'écrire à la hauteur d'enfant, je me suis plongée dans un personnage", a-t-elle conclu.