Sa garde rapprochée le dit attachant, les observateurs s'accordent à le dire pétri de talent, et le public se dit... que c'est un insupportable gâchis : tournoi après tournoi, Benoît Paire s'illustre par ses pétage de plombs hors norme bien plus que par ses performances, hélas très sporadiques.
Celui qui pointait en janvier 2016 dans le top 20 mondial dit pourtant avoir fait du chemin pour dompter ce caractère auto-destructeur, qui, par surcroît, suscite l'agacement et les railleries du public - mais aussi d'une partie du milieu du tennis. "Il fut un temps où, dès que je perdais, j'avais envie d'arrêter le tennis. J'étais tellement malheureux (...) Ça mettait deux jours à redescendre. Maintenant, c'est deux heures", observe-t-il pour le JDD, qui lui consacre dans son édition de ce 2 juillet 2017 un nouveau portrait émaillé de morceaux d'entretien. "Mais les rechutes sont toujours possibles", comme il le concédait au même journal au mois de mai, juste avant, effectivement, de craquer dans les grandes largeurs au tournoi de Rome, s'en prenant à l'arbitre et explosant sa raquette.
Que pense d'ailleurs l'équipementier de l'Avignonnais - et compagnon de la chanteuse Shy'm - de sa fâcheuse habitude de pulvériser son matériel devant spectateurs et caméras ? Le JDD a eu la judicieuse idée de solliciter Eric Babolat, patron de la société du même nom : "Quand il nous demande de le réapprovisionner, livre l'intéressé, il est à chaque fois très embêté. On le sermonne un peu, mais c'est d'abord quelqu'un de très attachant." Alors qu'il se prépare à disputer son premier tour à Wimbledon contre le Brésilien Dutra Silva, Benoît Paire, par ailleurs habillé par Lacoste, publiait justement en fin de semaine une image de sa panoplie Babolat pour le prestigieux tournoi londonien, assortie du hashtag #WeLiveForThis ("on vit pour ça").
Peut-on se prendre à espérer que tout reste intact lors du Grand Chelem britannique, lieu de l'étiquette et de la bienséance par excellence, a contrario de ce qu'il s'est passé au tournoi de Halle ? Et que Benoît Paire parviendra un jour à se racheter aux yeux et dans le coeur du public, largement lassé de ses frasques ?
Le principal intéressé veut y croire : "Je joue peut-être le meilleur tennis de ma carrière. Même quand j'étais 18e, j'avais plus de défauts, assure-t-il alors qu'il navigue aujourd'hui au-delà de la 40e place à l'ATP. Il me reste pas mal d'années et je crois pouvoir faire mieux. Alors j'espère que les gens, au final, se souviendront d'abord du Benoît Paire qui sortait des coups de génie."
Pour l'instant, les seuls à avoir pu changer de regard sur lui sont ceux qui l'ont approché d'assez près, à l'instar de Brahim Asloum, devenu son préparateur physique. Arrivé avec de sérieux a priori, l'ancien champion de boxe, qui a commencé par demander des explications sur le fiasco des JO de Rio à son nouveau protégé, a revu son opinion "totalement" : "On connaît son côté écorché, mais c'est un hypersensible qui a besoin d'être aimé et soutenu", résume-t-il. La balle est toujours dans son camp...