La Berlinale a surpris le 24 février en décernant son Ours d'or à Touch me not de la réalisatrice roumaine Adina Pintilie, une exploration à mi-chemin entre fiction et documentaire sur l'intimité et la sexualité, après une édition marquée par les débats sur la place des femmes dans le 7e art, indique l'AFP. Le jury, présidé par le réalisateur Tom Tykwer et dans lequel figure Cécile de France, a également récompensé une autre femme, la Polonaise Malgorzata Szumowska, qui a reçu le Grand prix du jury pour son film Twarz ("Mug") sur un jeune homme défiguré après un grave accident.
Les femmes ont également été à l'honneur à l'écran, comme dans Las Herederas de Marcelo Martinessi, un premier film du Paraguay faisant le tableau d'une femme s'émancipant sur le tard (Ana Brun sacré meilleure actrice) et d'où les hommes sont quasiment absents. L'actrice a dédié son film aux "femmes" dans son pays qui sont "des combattantes". Le réalisateur a quant à lui reçu le prix Alfred Bauer, à la mémoire du fondateur du festival.
Le cinéma latino a encore été à l'honneur avec Museo du Mexicain Alonso Ruizpalacios (meilleur scénario), avec Gael Garcia Bernal, sur le vol d'oeuvres au musée anthropologique de Mexico en 1985 par un duo de pieds nickelés. Avec son film d'animation L'île aux chiens, Wes Anderson s'est vu décerner l'Ours du meilleur réalisateur. C'est l'acteur Bill Murray, une des voix du film, qui est allé chercher le prix. "Je n'aurais jamais cru qu'en jouant un chien, je repartirais avec un ours", a-t-il plaisanté, face à un public acquis.
Enfin, Anthony Bajon a été sacré meilleur acteur pour La Prière du Français Cédric Kahn (en salles le 21 mars), sur d'anciens toxicomanes en quête de rédemption. "J'ai beaucoup prié pour avoir cet Ours (rires), c'est tout à fait incroyable, c'est un rêve pour moi", a-t-il déclaré devant la presse, décrivant l'accueil "splendide" de la Berlinale. "Je me sens en fait comme un enfant qui ne peut pas contrôler ses émotions", a-t-il ajouté, avant d'évoquer son empathie pour les drogués, "des gens qui veulent s'en sortir" et son espoir de réussite pour le film, qui évoque des sujets "touchant le monde entier". L'acteur de 23 ans a fait ses débuts dans Les Ogres de Léa Fehner en 2015 et a eu des rôles secondaires dans Maryline de Guillaume Gallienne, Rodin de Jacques Doillon ou Nos années folles d'André Téchiné.
Avec ce prix, il devient le 7ème acteur français primé à Berlin et prend la suite d'acteurs aussi illustres que Jean Gabin (récompensé en 1959 et 1971), Jean-Pierre Léaud (1966), Michel Simon (1967), Jean-Louis Trintignant (1968), Michel Piccoli (1982) et Jacques Gamblin (2002).
- Ours d'or du meilleur film : Touch me not d'Adina Pintilie (Roumanie/Allemagne/République tchèque/Bulgarie/France)
- Grand prix du jury, Ours d'argent : Twarz ("Mug") de Malgorzata Szumowska (Pologne)
- Ours d'argent du meilleur réalisateur : Wes Anderson avec L'île aux chiens (USA)
- Ours d'argent de la meilleure actrice : Ana Brun dans Las Herederas de Marcelo Martinessi (Paraguay)
- Ours d'argent du meilleur acteur : Anthony Bajon dans La prière de Cédric Kahn (France)
- Ours d'argent de la meilleure contribution artistique : Dovlatov d'Alexeï German Jr (Russie/Pologne/Serbie)
- Ours d'argent du meilleur scénario : Museo d'Alonso Ruizpalacios (Mexique)
- Prix Alfred Bauer, à la mémoire du fondateur du festival pour un film qui ouvre de nouvelles perspectives : Las Herederas de Marcelo Martinessi (Paraguay)
- Prix du meilleur documentaire : The Waldheim Waltz de Ruth Beckermann (Autriche)
- Prix du Meilleur premier film : Touch me not d'Adina Pintilie (Roumanie/Allemagne/République tchèque/Bulgarie/France).
- Ours d'or du meilleur court-métrage : The Men Behind the Wall, Ines Moldavsky, Israël
- Teddy Bear (récompensant le meilleur film sur une thématique LGBT) : Hard Paint de Marcio Reolon et Filipe Matzembacher