Le 20 janvier 2021, Bernie Sanders était un des rares invités du Capitole, à Washington, pour assister à l'investiture de son rival Joe Biden, comme 46e président des Etats-Unis. Le populaire sénateur du Vermont, âgé de 79 ans, a tiré la couverture sur lui sans le vouloir en prenant une pose devenue culte.
Dans le froid hivernal, Bernie Sanders est apparu assis une chaise pliante, isolé et l'air un peu bougon, chaudement vêtu d'une parka et les mains dans des moufles à motifs géométriques. Un look très casual, très monsieur tout le monde... Les jambes croisées, les bras aussi et l'air renfrogné, cette posture a été immortalisée par plusieurs photographes mais c'est celle de Brendan Smialowski de l'AFP qui a fait le tour du monde et des réseaux sociaux. L'équipe de Bernie Sanders a flairé le filon et a ainsi utilisé cette photo pour la mettre sur un sweat vendu 45 dollars sur son site officiel. Succès immédiat puisqu'il est toujours en rupture de stock dans toutes les tailles et peut mettre jusqu'à 8 semaines pour arriver à son destinataire ! On peut en revanche se rabattre sur un t-shirt.
Mais pas question pour Bernie Sanders, qui représente l'aile la plus à gauche du Parti Démocrate, de se faire une fortune avec cette démarche. En effet, l'intégralité des bénéfices de ses vêtements sera reversé à l'association Meals on Wheels - l'équivalent des Restos du Coeur - qui distribue des repas aux plus démunis. Dans l'Etat du Vermont, l'association livre ainsi plus de 800 000 repas par an.
Mais il n'y a pas que l'équipe de Bernie Sanders qui profite de cette photo culte puisque Jennifer Ellis, la créatrice des moufles de l'homme politique, est débordée par les commandes ! Cette enseignante de 42 ans, qui habite à Essex Junction, a fait des confidences à l'AFP sur ces moufles en laine recyclée, doublées de tissu polaire fait de bouteilles en plastique également recyclées. Elle avait envoyé une paire de moufles à Bernie Sanders après sa défaite contre Hillary Clinton à la primaire démocrate pour la présidentielle 2016, pour le consoler.
Puis l'an dernier, lorsqu'il tentait à nouveau sa chance pour la présidentielle, elle avait appris qu'il avait prêté les moufles à quelqu'un qui avait froid aux mains. "J'ai été si touchée que je lui ai envoyé 10 autres paires", dit-elle. Elle ne s'attendait pas à ce buzz qui la dépasse aujourd'hui : en deux jours, elle a reçu "environ 13000 emails de gens" prêts à lui acheter les mêmes moufles, "et pas juste une paire, ils en veulent beaucoup". Mais avec sa machine à coudre vieille de 30 ans et son travail d'enseignante elle ne pourrait pas assurer une telle demande et elle n'en a même pas envie. "Ca gâcherait toute la beauté de la chose". D'autres ont profité de ce buzz et assurent vendre les mêmes gants pour 80 dollars...