3h25 à Paris, 3h à Londres, 3h48 à Madrid... 4h06 à Helsinki, record battu ! Tandis que les records tombent à Londres à l'occasion des Jeux olympiques, Bruce Springsteen, champion du monde des concerts à rallonges, y est allé de sa propre perf', mardi soir (31 juillet) à Helsinki (Finlande) : il a établi sa meilleure marque sur le Wrecking Ball Tour, tournée mondiale qu'il assure depuis mars en soutien de son dix-septième album, Wrecking Ball, inspiré par la crise financière de 2008.
Il faut dire que les conditions étaient parfaitement réunies pour qu'il puisse offrir à ses adeptes un de ces marathons scéniques dont il a le secret, à l'Olympic Stadium d'Helsinki : pas de couvre-feu (à Londres, il s'était fait couper le sifflet) et pas de lendemain, puisqu'il s'agissait de la dernière date de sa tournée européenne, avant une trêve de quinze jours et une reprise à Boston le 14 août pour un deuxième volet nord-américain qui durera jusqu'à la fin de l'année.
Avec 4h06, le rockeur de 62 ans est certes encore loin du record du monde du concert le plus long par un artiste solo (en 2010, Alex carlin, ex du groupe punk Psychotic Pineapple, avait joué l'intégralité du répertoire des Beatles en 32 heures, surpassant les quelques 27 heures de Gonzales). Mais il a pu prendre sa revanche sur l'imbroglio londonien : sa représentation à Hyde Park avait été coupée net au bout de trois heures alors qu'il était encore sur scène avec un invité de choix, Sir Paul McCartney, en raison du dépassement de l'horaire toléré (2h30) par le voisinage. Si le maire de Londres Boris Johnson avait ainsi regretté une "mesure d'efficacité excessive", les organisateurs s'étaient dédouanés en expliquant que c'était la condition sine qua non pour pouvoir continuer à organiser des concerts géants à Hyde Park et que la moindre incartade pouvait faire s'abattre l'épée de Damoclès.
Avant ce record à Helsinki, l'été a déjà été riche en émotions pour le Boss, tandis que sa fille Jessica continuait à Chantilly son parcours dans les hautes sphères des sports équestres : notamment à Paris, où Bruce Springsteen et son épouse Patti Scialfa, qui l'accompagne sur scène, ont joué à Paris le soir de l'Independence Day (4 juillet), mais aussi à Oslo, où le rockeur était la tête d'affiche du concert comméoratif des victimes du mass murderer Anders Behring Breivik, interprétant un morceau choisi pour la circonstance, We Shall Overcome ("Nous triompherons"), devant 50 000 personnes réunies sous la pluie.
Une bête de scène, une force de la nature et un leader humaniste qui a également sa part d'ombre : dans la revue The New Yorker, Springsteen a levé le voile en juillet sur ses démons passés et même ses idées suicidaires, racontant comment il avait été à une certaine époque miné "par la panique et l'auto-détestation". "Mes problèmes n'étaient pas évidents comme des problèmes de drogue. Chez moi, c'était différent, plus calme", expliqua-t-il, révélant avoir entamé, perturbé par sa relation difficile avec son père, une psychanalyse en 1982. Son ami et biographe Dave Marsh a expliqué au New Yorker qu'il avait des tendances suicidaires en 1982 lors de sa soudaine célébrité : "Il s'est retrouvé en haut de l'affiche, passé d'un seul coup de rien à quelque chose, avec des gens qui lui faisaient les pompes en permanence. C'est dans ces cas-là qu'on se demande ce que l'on vaut vraiment."