Le musicien américain Calvin Russell, icône du blues blanc à la trajectoire bien particulière, notamment pour avoir connu le succès exclusivement en Europe tandis que son Texas de toujours ignorait largement son oeuvre, est mort dimanche 3 avril 2011 à son domicile de Garfield (Texas), des suites d'un cancer. Il avait 62 ans et laisse une épouse, Cynthia.
Né à Austin en 1948, Calvin Russell, bien que musicien dès l'adolescence et des débuts avec un groupe baptisé The Cavemen, avait tardé à s'installer sur la scène musicale. La faute à de jeunes années semées d'embûches où, fugueur et vagabond vivotant du trafic de stupéfiants, il multiplie les passages par la case prison. Des errements dont, il ne guérira jamais réellement, puisque même au faîte de sa renommée, dans la deuxième moitié des années 1990, il se faisait encore pincer pour possession de drogue et échappait de peu (moyennant une liberté surveillée) à un long retour en prison.
A la fin des années 1960, Calvin Russell s'installe dans les sphères musicales d'Austin, où il est épaulé par un autre Texan pur souche à la vie marginale et dissolue (notamment dans l'alcool), l'icône country folk Townes Van Zandt.
Ce n'est qu'au bout de quarante années à bourlinguer, à l'approche des années 1990, que Calvin Russell se soucie de faire éditer sa musique, entre country, folk, roots, rock et blues. Il bénéficiera de la présence fortuite de Patrick Mathe, patron du label roots français New Nose Records, à une soirée dans un club d'Austin en 1989 lors de laquelle il se produit : coup de coeur du Frenchy, qui signe Russell immédiatement. Dans les mois qui suivent, le premier album de Calvin Russell, A Crack in Time, connaît un succès colossal en Europe, premier d'une série de quinze albums qui auront tous droit à un bel accueil sur le Vieux Continent, en France notamment, où il se produira beaucoup et jusqu'à récemment, toujours très suivi. Le Voyageur, son album live de 1994, est d'ailleurs issu de captations lors d'une tournée française qui passa par l'Olympia de Paris.
Sounds From The Fourth World (1991), son second album et sa masterpiece, devait entériner sa reconnaissance en Europe, où il tournera beaucoup tandis que son Texas tend à l'ignorer. Viendront ensuite, entre autres, Soldier (1992), Dream of the dog (1995, qui dévoile ses racines comanches), Calvin Russell (1997) et des successeurs au rythme d'un album tous les deux ans en moyenne. Le dernier en date, Contrabendo, son premier (et dernier...) live depuis Le Voyageur, est paru le 31 janvier 2011. Sa voix profonde et son visage buriné manqueront à beaucoup.