Catherine Deneuve avait 23 ans quand sa soeur, Françoise Dorléac, décède à l'âge de 25 ans après un violent accident de voiture. Nous sommes en 1967, les deux jeunes femmes venaient de tourner dans Les Demoiselles de Rochefort de Jacques Demy. En couverture du magazine Madame Figaro, à l'occasion du prix d'honneur qu'elle va recevoir au Festival Lumière, l'actrice, pour ne pas dire l'icône, revient sur cette déchirure qui a marqué sa vie à jamais.
Comment parler de la mort d'un être aussi cher, à un âge aussi jeune ? "C'est moins difficile depuis que j'ai donné une longue interview pour un documentaire [Elle s'appelait Françoise d'Anne Andreu en 1996]. J'étais réticente, mais je ne le regrette pas. Ce n'est pas ce qui a continué à la faire vivre : elle a toujours de très nombreux et fervents admirateurs – ce qui me touche beaucoup –, elle est restée très présente et très actuelle. Elle était tellement moderne avec ses jeans et ses chemises blanches ouvertes... Sa disparition reste le grand drame de ma vie, c'est la chose la plus douloureuse que j'aie vécue...", confie Catherine Deneuve, entre pudeur et émotion.
Et si Françoise Dorléac était encore parmi nous, quelle actrice serait-elle devenue ? "Nous n'avions que dix-huit mois de différence, nous étions proches, complices. Je n'ai jamais senti aucune concurrence entre nous. Oui, je me demande quelle actrice elle serait aujourd'hui, comment elle serait physiquement, si elle aurait continué le cinéma ou adopté le théâtre comme point d'ancrage. Je me demande aussi si nos rapports seraient restés les mêmes. Oui, cela me travers l'esprit de temps en temps."
Après la disparition tragique de sa soeur, Catherine Deneuve a poursuivi sa carrière dans le cinéma, évoluant à travers les décennies, "gâtée" par le septième art comme elle le dit. Certes, la mère de Christian Vadim et de Chiara Mastroianni – on reconnaîtra leurs pères à leurs patronymes –, a pu connaître des moments de doutes, n'a pas pu tourner avec Hitchcock car il est décédé avant que leur projet se concrétise et aurait aimé jouer le rôle d'Isabelle Huppert il y a dix ou quinze ans dans Elle de Paul Verhoeven. Toutefois elle continue encore aujourd'hui de décrocher des rôles magnifiques. En témoignent ses prestations pour Emmanuelle Bercot dans Elle s'en va et La Tête haute. En tournage avec son ami Gérard Depardieu dans Bonne Pomme de Florence Quentin, elle continue d'écrire sa légende dans le cinéma.
Retrouvez l'intégralité de l'interview dans le magazine Madame Figaro du 7 octobre