C'est sa vie d'après. Dans Catharsis, Luz raconte son quotidien post-7 janvier, ce terrible jour où ses amis de Charlie Hebdo ont été tués dans un attentat. En amont de la sortie du livre, le 21 mai prochain, le dessinateur "survivant" s'est confié dans une longue interview aux Inrockuptibles. Il y évoque cet ouvrage en forme de thérapie, son amoureuse, mais également quelques anecdotes croustillantes et joyeuses, à son image.
Après avoir accueilli les caméras de Vice chez lui, pour une interview poignante, Luz se confie donc à nouveau. Car, des mois après le drame, l'artiste est évidemment toujours en convalescence et tente, avec ce livre, de se reconstruire petit à petit. Cela passe évidemment par les dessins, qu'on retrouve sur 128 pages de Catharsis, et notamment un petit bonhomme qu'il a commencé à croquer après son premier interrogatoire par la police, après le drame. "Pour avancer, il fallait que je raconte l'histoire de ce bonhomme et cela ne pouvait pas être dans Charlie", explique le rescapé.
Dans cette épreuve, Luz évoque également l'un des soutiens les plus importants : Camille Emmanuelle, l'auteure et journaliste qui partage sa vie. "Je me suis rendu compte que c'était une déclaration d'amour à la femme de ma vie, assure le dessinateur. Je suis arrivé en retard ce matin du 7 janvier parce que mon anniversaire a été fêté avec un amour démesuré. Le drame aurait pu saloper notre relation. Mais nous avons réussi à le dépasser. Le seul témoignage de Catharsis est cette preuve d'amour mutuel - peut-être, surtout, du sien. Il faut être solide pour se dire qu'on peut encore aimer quelqu'un qui est peut-être en train de de devenir fou."
Mais avec Luz et Charlie Hebdo, l'humour et la bonne humeur reprennent vite le dessus. Il revient ainsi sur l'invitation de Barack Obama à la Maison Blanche, après le gros raté des Américains, absents du défilé des chefs d'Etat pour la liberté le 11 janvier. Problème, les conditions n'étaient pas vraiment réunies selon Luz, auto-proclamé "fouteur de merde". "Ils voulaient faire venir un dessinateur pour croquer Obama. On n'est pas à Montmartre ! J'ai dit : "S'il vient à Paris, je mets de la Budweiser au frais et je le dessine." En termes d'image, faire allégeance à la première puissance mondiale aurait été terrible et dangereux", pense le dessinateur, qui a également annoncé ne plus vouloir croquer Mahomet, "lassé" comme il l'a été de dessiner Nicolas Sarkozy.
Chez les politiques, une ministre risque également de se rappeler longtemps des trublions de Charlie Hebdo : Fleur Pellerin, qui les a invités au ministère de la Culture, un mois et demi après les attentats. "Dès qu'on a appris qu'on pouvait fumer à l'intérieur, ça a été le grand n'importe quoi. Pourquoi se priver de ça ? J'ai fait du stage diving dans les fauteuils du ministère sur Nirvana. J'ai aussi fait une démonstration de voguing à Fleur Pellerin - j'ai pris des cours. Elle prenait des notes, genre c'est le dernier truc à la mode", se souvient-il en en riant encore. Probablement la meilleure des thérapies.